Je pense que je vais encore faire une ou deux mises à jour et je clôturerai ce sujet pour cette année. Depuis la vague de mauvais temps qui a traversé la France d'Ouest en Est la seconde semaine des vacances de la Toussaint, la montagne a mis la tenue d'hiver. Tous les cols d'altitude sont fermés et au dessus de 2000m la neige ne fond plus guère dans les ubacs.
Sale temps pour les insectes..... La plupart sont déjà enterrés depuis belle lurette et les autres ont appuyé sur le bouton "Diapause".
118 - Mais ..... comme il y en a toujours un pour vous contredire dans cette Nature, je vous présente encore une petite nouveauté. D'ailleurs j'aimerai bien savoir d'où lui vient ce nom vernaculaire. Avec ce qualificatif je l'aurai vu bien plus grasse et plus grosse, genre "Gras comme un moine" !
Conistra staudingeri -
Noctuelle des abbésFichier(s) joint(s):
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119 - Lors de la dernière nocturne, le spécialiste "es-papillons" m'a donné une ampoule à vapeur de mercure qu'on ne trouve plus en France. Ces ampoules doivent être branché sur un ballast pour ne pas qu'elles "pètent" à l'allumage. Bref j'ai joué une fois de plus au bricolo et tout fonctionne parfaitement.
Pour l'anecdote, cette ampoule appartenait à l'entomologiste qui a fait le guide des nocturnes de France..... du coup je n'ai pas du tout la pression, la barre est beaucoup trop haute !
La même noctuelle mais cette fois du côté "identification".
Conistra staudingeri -
Noctuelle des abbésFichier(s) joint(s):
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120 - J'ai allumé vers les 18h00 et malgré un -2° j'ai eu quelques visites. Comme cette autre noctuelle hivernale que je vous ai présenté le coup d'avant. Bref le but était de voir comment tout çà fonctionnait et c'est chose faite. Je suis fin prêt pour les beautés du printemps à venir....
Asteroscopus sphinx -
Noctuelle-SphinxFichier(s) joint(s):
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121 - Lors de la dernière réunion - buffet campagnard - exposés - débats, toujours de ce groupe d'entomologistes j'ai appris deux ou trois trucs sur ces papillons de nuit. En fait j'en apprends beaucoup plus.....
Connaissez-vous l'organe de Bügel ?
En règle générale les chiroptères utilisent l’écholocalisation pour chasser (entre autres) les papillons de nuit. A la manière d’un sonar, la chauve souris, émet régulièrement des ultrasons qui sont renvoyés par tous les obstacles proches, à ses oreilles. Son cerveau analyse ensuite les temps de retours de ces sons, et les interprète comme des distances, créant un paysage sonore, une image mentale d’un environnement invisible la nuit. Peut-on imaginer une parade à une arme aussi sophistiquée en particulier de la part d’un misérable papillon de nuit ?
Lythria purpuraria -
L'Ensanglantée des RenouéesFichier(s) joint(s):
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122 - Car oui notre second protagoniste a lui aussi profité de la nuit pour sortir se dégourdir les ailes, tout excité qu’il était par la douce brise chargée de phéromones femelles. La température extérieure est idéale, et le signal chimique envoyé par ladite femelle semble suffisamment important pour justifier un déplacement de quelques centaines de mètres. Il ne se doute pas encore que sa vie, de toute manière éphémère, est menacée par la chasse de notre chauve-souris. L’alerte sera cependant donnée assez vite grâce à un système d’avertissement et de parade, l’organe de Bügel.
Eulithis populata -
La Cidarie du peuplierFichier(s) joint(s):
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123 - Situé sous les ailes, son organisation est assez simple et se compose : d’une membrane tympanique fine, d’une caisse de résonance formée par des sacs aériens et de deux neurones sensoriels.
Il est là sous les écailles. Pas de poils chez les papillons n'est ce pas ?
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124 - Reprenons le cours des événements, la chauve-souris sonde l’obscurité en émettant régulièrement des ultrasons. Côté noctuelle, amplifiés par la résonance des sacs aériens, ces ultrasons font vibrer la membrane tympanique. Le premier neurone est le plus sensible, lorsqu’il est stimulé la noctuelle s’écarte au plus vite de la source du bruit. Dans certains cas cette première manœuvre peut suffire à s’écarter du danger. Mais ce soir le chiroptère a jeté son dévolu sur cette noctuelle en particulier. S’approchant à toute vitesse elle perçoit sa proie, qui tente de lui échapper à faible allure. La lutte inégale semble sur le point de s’achever, la chauve souris n’est plus qu’à quelques battements d’ailes de sa proie. C’est alors que le second neurone, dont la sensibilité est beaucoup plus faible, s’active in extremis. Le signal est interprété comme un danger imminent appelant une acrobatie aérienne de la dernière chance. La noctuelle fige alors immédiatement ses ailes et entame un virage plongeant vers le sol. Emportée par son inertie la chauve-souris, gueule ouverte, happe l’air avec la mauvaise surprise de n’y trouver aucune proie. De dépit elle renonce à la noctuelle sauvée par sa manœuvre et jette son dévolue sur le prochain insecte volant en perspective… D'après les observations faites, il ressort que les papillons s'en sortent à 80% des cas. Ce qui laisse quand même 20% pour que les chauve-souris ne meurent pas de faim et puissent élever leurs progénitures.
Chlorissa cloraria -
La ChloréeFichier(s) joint(s):
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125 - Et comme rien n'est simple dans cette course permanente à l'armement nous avons une petite variante. Certaines Noctuelles toxiques pour les Chauves-souris émettent naturellement des ultra-sons. Ces signaux sont perçus par les chiroptères qui les évitent. Les Noctuelles échappent ainsi à leur prédateur. D’autres Noctuelles ne sont pas toxiques mais émettent le même avertissement sonore pour ces mêmes Chauves-souris, échappant de ce fait à leur triste sort. D'ailleurs, il parait qu'on peut entendre le crépitement de l’organe tympanique chez certaines Noctuelles qui volent le jour.
Diachrysia chrysitis -
Le Vert-DoréFichier(s) joint(s):
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126 - Cet organe a été détecté très tôt (avant l'invention des ampoules) mais ce n'est que bien plus tard qu'on pourra comprendre à quoi il sert. C'est en observant la nuit des chauve-souris dans un tunnel qu'on a découvert le comportement des noctuelles qui arrêtent subitement de voler pour tomber en chute libre.
D'après les spécialistes, il reste encore beaucoup d'organes chez les insectes dont on ignore tout..... D'ailleurs on ne sait même pas si ils servent toujours. Bref, beaucoup de questions et peu de réponses.
Par exemple ces touffes de poils sur le dessus du thorax des Plusiinae qu'on voit sur la photo ci-dessous... mystère !
Syngrapha interrogationis -
La Plusie de l'OrcetteFichier(s) joint(s):
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Voilà pour ce soir et je vous dis à bientôt.