Enregistré le: 16 Novembre 2009, 14:14 Messages: 3138 Localisation: Région de Bordeaux
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Chers amis,
Voici très longtemps que je n’ai pu vous proposer ni histoires, ni images. C’est une toute simple affaire de temps ; non pas que j’en manque dans cette acception ; mais si vous songez, en termes de temps, à celui qu’il fait, le constat prend tout son sens. En janvier, les petits chemins fréquentés par les Grues baignaient dans l’eau et il n’était pas possible de les fréquenter ; de toute façon, les ondées ont fait preuve de persévérance pendant le mois entier. La déception est d’autant plus cruelle qu’après une piètre année en 2018, l’effectif avait retrouvé son niveau proche de 40 000 oiseaux ; le soleil est revenu en février, porteur de petites consolations : de nombreux vols de Grues ont survolé alors ma maison présentant de jolis orbes décorés par les cris de trompettes. Mais, la migration de retour ayant commencé dès le 21 janvier, ces petits bonheurs tardifs ont bel et bien marqué la fin de la saison ; il faudra attendre octobre au moins, en leur souhaitant une belle petite famille. Sous le soleil retrouvé, je suis retrouvé à plusieurs reprises au Teich que j’ai trouvé désert, ou presque. Déjà rares, les oiseaux étaient très lointains et me tournaient souvent le dos. Jamais mon panier à images n’avait été aussi vide. Mars ne fût guère porteur d’espoir, avec des milans assez rares, des échasses très tardives. Déprimé par de telles circonstances, et sachant que mes amis Pourprés ne me rejoindraient qu’à la mi- avril, j’ai commencé à faire des repérages sur plusieurs sites à Papillons. Et là, tout a changé…
En promenade avec mon chien, nous parcourions un endroit assez proche dont nous avions l’habitude. Mars commençait et je fus surpris par la pauvreté qu’affiche la végétation au début du printemps. Trottine mon vieux ! Lors d’une pause de mon compagnon, je contemplais un arbuste en fleurs blanches quand apparût une petite violette, un papillon formidablement conciliant ce jour-là, qui a étalé longuement les différents aspects de son joli plumage en prenant le soleil. Mais j’avais les mains vides, mon appareil ayant sagement choisi de profiter de l’ombre. Rien ne nous bousculant, nous nous promîmes, maître et chien, de revenir bientôt au pied de cet arbuste avec l’équipement convenable. Ne laissant pas trop de place au temps, nous fûmes vite de retour au pied de cet arbuste toujours aussi blanc pour constater…l’absence de la Violette. C’était beaucoup demander ! Mais l’endroit était tellement paisible et le soleil aussi doux que nous profitâmes un peu de l’instant, jusqu’à découvrir l’Argus vert, une coche, doublement plaisante avec le beau trait blanc qui entoure son œil.1-L’argus vert La saison des papillons commençait bien tôt cette année mais chacun sait que nul temps n’est à perdre face à la nature à l’œuvre. L’Aurore est la messagère du printemps ; l’unique génération se montre dès mars, parfois en février. C’est l’un des premiers papillons à nous rejoindre. Moi qui l’avais poursuivie en vain l’an passé, j’étais dès le lendemain sur un des sites qu’elle préfère. Son envergure varie de 3.5 à 4.5 cm, son vol est rapide ; mais elle ne se pose pas de bon cœur. Avec elle la patience et la discrétion sont de mise. Sa plante hôte préférée est la Cardamine des Près qui éclot, elle aussi, dès les premiers jours de mars ; la femelle pond un œuf par tige, un seul. Le dimorphisme n’est pas la seule chose qu’il lui reste à nous apprendre. Pour autant, seul le mâle possède cette belle marque orange en haut de son aile antérieure.
2- Une aurore mâle
La femelle (un individu sur six dans la nature) voit le blanc dominer sur ses ailes. Mais, chez les deux, les ailes postérieures sont très bellement marbrées.3 Revers de la femelle 4-Revers du mâle Comme d’autres, elle semble apprécier particulièrement les fleurs de teinte mauve ou violette. Violette est bien le mot, car c’est sur un tapis de ces mignonnes petites fleurs que nous nous sommes retrouvés cette année. Quelques jours plus tard, l’apparition des premières pulmonaires correspondait à ses goûts, et nombre d’entre elles y font des haltes gastronomiques.
Dernière surprise ! L’Aurore appartient à la famille des piérides et, en cherchant à la voir, j’ai rencontré la piéride de la moutarde, considérée comme assez rare en Gironde. Plus petite, elle devait entrer la tête entière dans la corolle de la pulmonaire pour butiner à son aise. Ceci permet d’ailleurs de la saisir délicatement par les ailes pour être certain de son identité. Quelques secondes plus tard, elle est de nouveau à table. Tout est dans la douceur.5 - La piéride en plein repas 6 -La même à son arrivée Ce fût bien du plaisir d’immortaliser enfin ces beaux papillons si longtemps espérés. Et quelques jours plus tard, mes amis les Pourprés sont arrivés. Un bonheur n’arrive jamais seul.
Amitiés à vous tous,
A très bientôt
Patrick
_________________ Qui se rend au pays de l'oiseau y découvre la sagesse, le courage, la beauté et le rêve.
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