Je suis tombé sur un national géographique qui date de mars 2018 qui traite de la migration des oiseaux avec des données récentes. Je ne savais pas trop comment relayer les infos, je n'ai rien trouvé de mieux que de le faire en images (inédites). Même si la lecture seule est intéressante, je pense que c'est plus digeste avec quelques tofs.
Je ne vais pas non plus m'étendre puisque l'article ne fait qu'une dizaine de pages. Petite aparté, National Geographic célèbre le centenaire de la conservation concernant les oiseaux migrateurs, en partenariat avec la Société nationale Audubon, Birdlife International et le laboratoire d'ornithologie de l'Université de Cornell. D'où l'article je pense....
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1 - Jusqu'au milieu du XIX°, les théories visant à comprendre la disparition de populations d'oiseaux pendant une partie de l'année étaient plutôt fantaisistes. Aristote pensait que certains oiseaux hibernaient, ou se transformaient en une autre espèce. Dans l'Europe médiévale, on croyait que les bernaches nonnettes, qui apparaissaient en hiver, poussaient sur les arbres. Et au XVII°, un pasteur anglais avança que des oiseaux s'envolaient jusqu'à la lune......
La preuve évidente que les oiseaux migrent vint en 1822. En Allemagne un chasseur abattit une cigogne blanche dotée d'un curieux appendice : une flèche en travers du cou. Une flèche qui provenait d'Afrique Centrale. Les naturalistes en conclurent qu'elle avait voyagé des milliers de kms. En 1906 ils baguent une autre cigogne et l'oiseau est observé en Afrique subsaharienne. L'idée fait son chemin et ensuite les preuves vont s'accumuler.
Cigogne blanche - Mai 2016 - Pologne - Goniądz
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2 - Depuis les années 70 on soupçonne que les barges qui s'alimentent en Nouvelle Zélande sont les mêmes que celles qui se reproduisent en Alaska pendant notre été. Ce n'est qu'en 2007 qu'on équipe plusieurs de ces oiseaux pour suivre leurs remontées vers le Nord entre mars et mai. La remontée se fait par la Mer Jaune (Chine - Corée) et effectivement les oiseaux arrive en Alaska. Ces balises équipées de batteries n'étaient pas sensées dépasser l'été et comme prévu elles s'éteignent l'une après l'autre. Sauf "E7"...... le 30 aout l'oiseau quitte l'Alaska et contre toute attente ils arrivent à suivre sa progressions par-delà Hawaii, les îles Fidgi. Le 7 septembre elle arrive sur la côte nord de la Nouvelle Zélande. "Nous nous rongions les sangs, car la batterie était à deux doigts de lâcher" se souvient le biologiste Lee Tibbitts.
Cette nuit là "E7" s'est posé dans le "Firth of Thames", ayant parcouru 11500 kms en 7 jours !
Ce qui reste le plus long vol migratoire sans étape enregistré à ce jour.
Barge rousse - Pointe de la Torche - Finistère.
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3 - Nous savons désormais que plus de la moitié des espèces d'oiseaux migrent. Elles se déplacent d'un habitat à un autre en fonction des saisons et nous connaissons même les migrations de milliers d'entre elles.
Mais quelle que soit la distance parcourue, les oiseaux migrent pour échapper à des conditions qui menacent leur survie. L'hiver en Amérique du Nord, le colibri à gorge de rubis doit aller chercher les fleurs et les insectes ailleurs. C'est la seule et unique raison qui lui fait traverser le Golfe du Mexique pour rejoindre l'Amérique Centrale.
Mais d'autres mouvements migratoires obéissent à d'autres phénomènes. Les crues qui inondent les bancs de sables déplacent les bec-en-ciseaux qu'ils soient d'Afrique ou d'Amérique. La saison des pluies, souvent signe d'abondance d'insectes, déclenche aussi d'importants mouvements, souvent au sein d'un même continent. Et chez nous, c'est uniquement le gel qui fait déplacer notre petit plongeur vers des cours d'eau plus grands et libres à la mauvaise saison.
Cincle plongeur - Hautes Alpes
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4 - Les comportements migratoires son-ils gravés dans les gènes, menant les oiseaux tels des robots vers leur destination ? Ou alors les adultes apprennent-ils aux jeunes où et comment migrer ? On l'ignore encore, mais comme pour la plupart des questions relevant du débat "nature contre culture", la réponse tient sans doute des deux. "Ce champ d'études en est encore à ses balbutiements" admet Jesse Conklin, chercheur à l'université de Griningue (Pays bas).
Et ce n'est pas la famille des coucous qui va aider à résoudre l'énigme. Se sont souvent eux aussi des migrateurs qui sont élevés par des adultes d'une autre espèce......
Coucou didric - Ouganda - 2015
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5 - Voler sans discontinuer de l'Alaska en Nouvelle-Zélande est une épreuve difficile à appréhender pour un être humain. Mais comme d'autres migrateurs au long-cours, les barges se préparent en accumulant d'énormes quantités de graisses durant les semaines avant leur départ. La graisse est le carburant de tous les oiseaux et pour cette espèce elle représente la moitié de leur poids quand elles se mettent en route, atteignant plus de 3cm sous la peau.
Mais ces oiseaux ne semblent rien laisser au hasard. Les chercheurs ont constaté que les oiseaux qui quittent l'Alaska, se mettent souvent en route en tirant parti de la queue de tempêtes qui génèrent des vents soufflants vers le sud.
D'autres espèces dévoilent l'extraordinaire capacité de "l'évolution". Les bécasseaux maubèche pour stocker encore plus de graisse, réduisent leur gésier et d'autres organes en vue du vol. Ce qui revient à jeter par dessus bord tout ce qui ne sert pas.....
Bécasseau maubèche - Norvège - Varanger - 2015
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6 - La miniaturisation de certains instruments permet d'en savoir encore plus. Des capteurs ont été placé sur des frégates du pacifique sur les Îles Galapagos. Ces instruments enregistrent leur activité cérébrale. Après 10 jours passés en mer (sans se poser) les résultats sont tombés : elles dorment par courtes séquences d'une durée moyenne de 12 secondes et le plus souvent en planant pour un total moyen par jour de 42mn. Soit bien moins que les 12h lorsqu'elles sont posées au nid. Et le plus fort, c'est que durant ces moments de somnolence en l'air, elles ne mettent en sommeil que la moitié de leur cerveau, gardant l'autre éveillé.
Les barges font-elles la même chose ? Et les autres oiseaux pélagiques ? Pour certaines espèces, comme les barges, il faudra de plus petites batteries pour le savoir. L'avenir nous le dira....
Sterne arctique - Norvège - Varanger - 2015
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7 - Comment les oiseaux s'orientent ?
- En 1951, l'Allemand Gustav Kramer découvre que les étourneaux sansonnet s'orientent avec le soleil.
- Dans les années 1960, Stephen Emlen, de l'université de Cornell, en plaçant des passerins indigos dans un planétarium découvre qu'ils se déplacent grâce aux étoiles.
- A la même époque, des études en laboratoires sur des rouge-gorges, menées par deux allemands démontrent qu'ils possèdent une boussole magnétique interne.
Vous l'avez compris, il n'y a pas une façon de migrer mais plusieurs. Beaucoup d'oiseaux migrent de nuit quand le soleil est couché, d'autres migrent quand la couche nuageuse ne permet pas de voir les étoiles et enfin la boussole magnétique n'est pas fiable en tout lieu. Bien que le mystère reste entier, certains scientifiques pensent que les oiseaux utilisent plusieurs moyens à la fois. Comme ces grives (lors d'une expérience en extérieur avec des déplacement dans des cages de nuit ....puis relâchées) qui avaient corrigé leur route le lendemain en réajustant leur boussole magnétique et leur direction dès que le soleil avait été visible.
Grive de piaggia - Ethiopie - 2017
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8 - Le changement climatique.....
Jan Van Gils écologue marin à l'institut royal des Pays Bas étudie une sous espèce de bécasseau maubèche qui se reproduit dans l'Arctique et hiverne en Mauritanie. Hors qu'elle ne fut pas sa surprise d'observer certains oiseaux se nourrir d'algues. Je rappelle qu'il cherche sa nourriture sur les plages, plongeant son bec fin dans la vase pour y trouver des mollusques.
Pourquoi certains oiseaux sont-ils devenus végétariens et pourquoi ? Les scientifiques ont constatés que ces oiseaux étaient tous de jeunes oiseaux de l'année, qu'ils étaient plus petits et avec un bec plus court. Et leurs naissances correspondaient avec des printemps très chauds où la neige a fondu plus vite que d'ordinaire. De fait les oiseaux sont arrivés sur leur lieu de reproduction après le pic des insectes et les jeunes oiseaux ont manqué de cette protéine indispensable à leur bonne croissance.
Avec un bec plus court les oiseaux ne trouvent pas suffisamment de mollusques et c'est pour cette raison qu'ils mangent les algues beaucoup moins riches. Mais comme on devait s'y attendre, se sont des oiseaux qui vivent beaucoup moins longtemps que les autres..... La conclusion de van Gils : "La pénurie alimentaire dans l'Arctique conduit à mourir de pénurie alimentaire dans les tropiques."
Bécasseau maubèche - Finistère.
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9 - La suite est de plus en plus sombre, je vais donc arrêter là. Le plus gros déclin est à mettre au compteur des oiseaux marins qui empruntent le corridor migratoire reliant l'Asie de l'est et l'Australie et à la Nouvelle Zélande (bécasseaux, barges, chevaliers). En cause l'urbanisation accélérée des vasières de marée côtières de la Mer Jaune, où les oiseaux font étape. Les populations se sont effondrées en 50 ans et çà s'accélère. Nous connaissons tous déjà le cas du célèbre bécasseau spatule, célébrité dont il se passerait bien puisqu'il le doit à son classement en danger critique d'extinction..... mais les autres espèces suivent de près.
De même que l'agriculture intensive, les pesticides, le braconnage etc etc..... En fait on se demande bien ce qu'on fait de bien pour eux. A présent les mêmes problèmes se retrouvent également en Afrique subsaharienne où les habitats d'hiver de nombreux migrateurs commencent à ressembler à nos plaines céréalières. Et en Amérique du Sud où les parulines (entres autres) trouvent de moins en moins de forêts pour y passer l'hiver.
Je l'ai déjà écrit en "discussion générale" mais il est peut être bon de le réécrire une fois de plus. Chaque année, entre 11 et 36 millions d'oiseaux sont capturés, tués, englués ou que sais-je encore. Parfois juste pour passer du bon temps, s'amuser, pour de l'argent ou tout simplement parce que c'est la tradition, sur le seul pourtour Méditerranéen.
Je suis désolé de finir sur une note pessimiste mais il ne peut pas en être autrement. Espérons que çà change et que nos enfants puissent profiter au moins autant que nous de ces petites boules de plumes si adorables.
Gravelot pâtre - Ethiopie - 2015
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A bientôt