J’avais hésité à ouvrir un fil sur mes principaux souvenirs photographiques d’un séjour récent de 2 semaines au Kenya (novembre 2023) car j’avais déjà ouvert dans ce salon un carnet de route d’un safari effectué dans ce même pays en octobre 2020. Toutefois, après avoir passé en revu mes images, il en est ressorti qu'elles étaient pour une grande partie différentes de celles de mon précédent safari avec des scènes de vie animalières qui pouvaient être singulières à chaque séjour, et que d’un safari à l’autre, les expériences et émotions vécues étaient différentes. Ce safari organisé avec Melting pot safari (MPS) différait aussi du précédent par l’intégration dans le circuit de la réserve nationale de Samburu où nous nous étions installés pendant quatre jours (J2 à J5) avant de nous rendre dans la réserve nationale de Masai Mara (après une halte d’un jour à Naivasha situé sur le trajet). Nous étions 4 safaristes (ma chère épouse plus deux sympathiques retraités, familiers de safaris photos en Afrique) accompagnés durant ce séjour par un excellent chauffeur-guide Massaï à la commande d’une Land cruiser. Située à 350 km de Nairobi, il nous aura fallu 6 à 7 heures de routes et de pistes chaotiques avant atteindre la réserve de Samburu. D’une superficie de 165 km², elle est d’entendue beaucoup plus limitée que la réserve de Masai Mara (1510 km²). Elle borde les rives de la rivière Ewaso Ng'iro dans le centre-nord du Kenya et est limitrophe de la réserve de Buffalo Springs. Avec une altitude variant de 800m à 1230m et un climat semi-aride, elle abrite une diversité de biotopes, composés de reliefs montagneux et volcaniques, de rivières sinueuses bordées de forêts et de plaines de savane parsemés d'acacias parasols et de palmiers doum, de buissons et de broussailles. Au moment et après la saison des pluies, les paysages changent de couleur pour faire apparaitre une dominante verdoyante mettant en valeur la beauté et la diversité des paysages. Ce qui fait, en outre, l’intérêt de cette réserve est qu’elle est touristiquement beaucoup moins fréquentée que celle de Masai Mara, ce qui donne lieu à des expériences d’immersion plus intimes au cœur de la faune kenyane.

D’un point de vue faunistique, la réserve abrite des espèces « quasi endémiques » non présentes à Masai Mara comme la Girafe réticulée, le Zèbre de Grévy, l’Oryx Beisa, le Gerenuk, la Pintade Vulturine et l’Autruche de Somalie. Ce sont ces espèces qui seront mises à l’honneur dans cette première série, sachant que mon parti pris avait été, par rapport au safari précédent, d’effectuer davantage de prises de vue à plans larges intégrant les animaux dans leur milieu de vie. Comme dans le fil du Kenya d’octobre 2020, compte-tenu de ma (dé)formation professionnelle, mon intérêt se focalisera dans certaines des séries sur la morphologie et/ou les comportements des animaux, en particulier pour les espèces qui ont fait plus l’objet d’études éthologiques (plus les mammifères que les oiseaux).

Je commencerai par la Girafe réticulée (Giraffa camelopardalis reticulata) que l’on trouve aussi en Somalie (d’où son autre nom de girafe somalienne) et au sud de l'Éthiopie. Elle est facilement reconnaissable de la plus commune Girafe Masaï (Giraffa camelopardalis tippelskirch) par la couleur et la taille de ses motifs qui ornent son manteau tacheté, mélange d’orange et marron, défini par un réseau de lignes blanches chez reticulata, et de taches brunes comme des feuilles déchiquetées, sur fond fauve ou ocre chez la Masaï. Les comportements sociaux des Girafes n’avaient pas été bien décrits dans la littérature car jusqu’aux années 2000 beaucoup d’auteurs pensaient que les échanges sociaux étaient très peu structurés, mais une méta-analyse récente examinant 404 articles a révélé des organisations sociales coopératives complexes reflétant le fonctionnement de sociétés matrilinéaires. Une organisation sociale matrilinéaire est censée minimiser le risque de prédation sur les jeunes et contribuer à soulager la mère de la seule charge de l'élevage des jeunes.

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Le Zèbre de Grévy (Equus grevyi), présent aussi en Ethiopie, est le plus grand des équidés sauvages mais aussi l’espèce la plus menacée comparativement aux deux autres espèces (zèbres des plaines et de montagne). Sa population est passée de 15 000 individus sauvages à environ 2 000 entre les années 1970 et 2004. Les derniers comptages en 2016 indiquent une relative stabilité avec un effectif estimé à environ 2700 individus. Une étude phylogénétique datant de 2009 a révélé, par l’analyse de l’ADN mitochondrial, que les zèbres de Grévy proviennent, avec les ânes, d’une lignée différente de celle des zèbres des plaines (zèbres de Grant, Equus burchelli bohmi). Comparé aux autres zèbres, il est plus grand, a de longues oreilles en forme arrondie et conique mais son cou est court et large, et ses rayures sont plus fines, mais le ventre et la zone entourant la base de la queue n’ont pas de rayures, ce qui est spécifique au zèbre de Grévy. Il se différencie aussi des autres espèces de zèbres par son comportement social : il ne vit pas dans une organisation sociale de type harem, comme les zèbres de Grant, et ne se lie que pendant peu de temps avec ses congénères. Son système social est régi par une organisation territoriale des mâles, et le lien qui unit la mère et son petit.
Deux photos dont l'une traitée en N&B version high key car je n'étais pas très satisfait de la version couleur.

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Le Gerenuk (Litocranius walleri) est une espèce d’antilope « quasi-menacée », facilement reconnaissable à son long cou (d’où son nom surnom de Gazelle girafe) avec un corps long atteignant en moyenne 1,60 m de la tête à la queue. Son régime alimentaire est principalement folivore. Les observations ont montré qu’il a un mode de vie parfaitement adapté aux zones sèches ou semi-arides puisqu’il peut s’abstraire de l’apport d’eau liquide pendant de longues périodes. Les mâles se différencient des femelles par la présence de petites cornes.

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L’Oryx beïsa (Oryx beisa) est une grande antilope mesurant environ 1,20 m au garrot et pesant de 180 à 240 kg. C’est un animal grégaire vivant en petit groupes de 5 à 40 individus que l'on trouve principalement dans les zones semi-désertiques de la Corne de l'Afrique, ainsi que partiellement au Kenya et en Tanzanie. Il a un mode de vie adapté aux plaines ou aux steppes semi-arides car il possède un certain nombre d'adaptations physiologiques lui permettant de conserver l'eau et dans des conditions de chaleur extrême, l’Oryx peut élever sa température corporelle jusqu’à 46,5 °C ou encore, grâce à un système de capillarisation adapté, refroidir le sang qui circule vers son cerveau.

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La Pintade vulturine (Acryllium vulturinum) se différencie de la Pintade de Numidie, fréquemment rencontrée à Masai Mara, par son plumage plus coloré mêlé de bleu-cobalt, de lilas, de noir et de blanc. Elle est la plus grande de toutes les pintades. Elle doit son nom à la ressemblance de sa tête et de son cou avec ceux d'un vautour. Son domaine habituel est celui d’habitats secs et semi-désertiques qu’elle fréquente, en vivant en groupes de 20 à 30 individus voire plus en dehors de la période de reproduction, mais quitte le sol chaque soir, volant dans les arbres comme les acacias pour y passer la nuit. Elle se nourrit surtout de végétaux tels que les graines, feuilles, fruits et baies, racines et bulbes, bourgeons et jeunes pousses vertes, mais peut capturer aussi des insectes, des araignées, des scorpions et des petits mollusques.

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Je terminerai cette première série par l'Autruche de Somalie (Struthio molybdophanes Reichenow) qui est une espèce phylogénétiquement distincte de l'Autruche d'Afrique de Masai Mara (S. camelus) révélée par les analyses de leur ADN mitochondrial et nucléaire. D’un point de vue morphologique, elle se distingue de l'Autruche d'Afrique par des plumes de sa queue blanchâtres et non roussâtres et par des pattes et un cou grisâtres plutôt que rosâtres. Tout comme l'autruche commune, elle vit dans les savanes arides et les zones broussailleuses semi-désertiques. Au cours de notre séjour dans la réserve de Samburu, nous ne l’avons vu qu’une seul fois car c’est un animal qui se déplace fréquemment pour rechercher sa nourriture. On peut la rencontrer, comme c’est le cas ici, en petits groupes familiaux. Je place une photo pour illustrer notre rencontre bien que sur le plan photographique, je ne suis pas très satisfait de l’image car les autruches étaient assez éloignées et l'angle de prise de vue pas optimal pour les mettre en valeur.

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C'est un carnet de route quasi scientifique que tu nous proposes, avec des espèces endémiques que je découvre. Ton choix de préférer les plans larges me convient parfaitement, c'est le style de photo que j'affectionne, même si un beau portrait peut me séduire aussi. Ta photo façon high-key des zèbres, est superbe. Et d'une manière générale, la qualité de tes photos est toujours au top.

Voilà un carnet de route qui coche toutes les cases, Robert! Intérêt des sujets évoqués, textes parfaitement documentés, superbes images! Je me régale d'emblée et m'abonne à ce fil qui m'apparait déjà passionnant . Pour les images, toutes sont à retenir, pour leur qualité autant que pour les espèces présentées. Esthétiquement les zèbres en N&B sont de toute beauté

Je n'ai pas souvenir de ta déformation professionnelle, mais je suis super enthousiasmé par le début de ce récit. Les images sont très belles et les textes vraiment intéressants ! On apprend plein de choses sur les spécificités de ces espèces.
Au niveau photographique, j'aime beaucoup les photos des girafes, et pas que par amour pour les girafes .

Vivement la suite !

Gilles

Une qualité photographique comme d'habitude, nous permet de profiter pleinement de tes sujets. les zèbres en N&B sont magnifiques. Ton récit agréable va nous emmener avec toi j'en suis sur.

Je découvre cette magnifique girafe grâce à tes belles photos. Mais de toute façon je les trouve toutes belles ces girafes. Si je ne dis pas de bêtises, j'avais vu les girafes de Rothschild en Ouganda.

La suite est tout aussi belle qu'intéressante avec encore de très belles photos.

Je suis surpris qu'il y a pas mal d'espèces que j'ai vu en Éthiopie dans ton post. Pourtant Samburu est quand même assez loin de ce pays. Bonne idée ton carnet.

Tu as vraiment eu une bonne idée de réitérer ce carnet de route Kényan !
Déjà un grand merci pour la présentation et la quantité et qualité de texte, je sais ce que c'est de poster et partager un carnet de route sur le forum .Cela prend un temps fou et tout cela pour seulement un retour d'un dizaine de membres, c'est parfois désespérant en ce monde ou on balance juste une image pour des dizaines de pouces levés.....
Mais cela fait aussi du bien de se replonger dans ses images ,de les sélectionner et de les partager .
Dis toi que les trop rares membres du forum qui découvrent ce post se régalent par la qualité d'ensemble et tant pis pour ceux qui passent à côté .
J'apprécie énormément ta façon de valoriser les animaux dans leur environnement ,le cadrage et la distance est judicieux et le choix des attitudes et arrière plan est excellent .
Bref je suis emballé par l'ensemble des images .
Coup de coeur pour la 2 et la version HK des zèbres ou le choix du N&B valorise le graphisme .
ce sera direct bandeau !
Dominique