Bonjour à toutes et à tous.,
Je me suis inscrit sur ce forum il y a quelques mois et aujourd'hui, je me lance, j'ouvre mon premier fil. Visiteur régulier des salons « un autre regard/mammifères » et « les bons moments » il me semble que c'est dans celui-ci que je devais ouvrir ce fil à travers lequel je vais essayer de vous faire partager mes émotions lors d'une journée, le 9 juin, passée dans les Pyrénées.
Comme François, je pense que le texte est très important et apporte un plus indéniable aux photos.
Alors en route !

A 6H30 après 3H00 de voiture je suis content de poser un pied par terre.En quelques minutes, je charge mon matériel et me voilà parti par le sentier qui monte à travers la forêt. Au bout de 500 mètres, je le quitte et je continue mon ascension en longeant par la droite un petit ruisseau qui s'écoule en chantant. Je progresse doucement tantôt dans la forêt tantôt dans des clairières où s'épanouissent des Asphodèles blancs en fleurs (photo1). Je profite de ces quelques poses photographiques pour reprendre mon souffle, car j'ai la très nette impression que plus les années passent plus la pente s'accentue.

Enfin vers 9H30 je suis à 500 mètres de la petite combe située à 1700m d'altitude où je veux aller me mettre à l'affût. Je suis alors confronté à un autre problème. En effet cet endroit isolé, éloigné de tous sentiers, presque oublié des hommes, procure aux animaux une tranquillité qui les incite à traîner en pelouse très tard dans la matinée. Assis sur un rocher, je peux observer aux jumelles 3 groupes d'animaux : une harde de 6 biches dont 2 sont couchées au soleil au milieu de la combe, un groupe de 5 jeunes cerfs un peu plus loin qui broutent au milieu des rhododendrons et plus proches de la forêt une harde de 3 cerfs plus âgés dénouant déjà leur empaumure. Je dois donc attendre que tout ce petit monde se décide à rentrer en forêt. Je mets à profit ce temps libre pour réaliser quelques clichés de fleurs, comme celle-ci de Gentiane à feuilles courtes. (photo 2)

Vers 11H00 la dernière biche disparaît dans la forêt et je peux accéder à la combe et chercher un emplacement d'affût où je pourrais m'installer pour le reste de la journée. Je repère rapidement un bouquet d'alisiers qui me semble convenir. Il est situé à bon vent, bien orienté par rapport au soleil et offre un certain confort et une vue circulaire conséquente. Je l’améliore avec quelques branches mortes glanées au sol, avec quelques rameaux de rhododendrons et 3 filets de camouflage (photo 3).

A 11H45 je suis en place et j'estime avoir bien mérité une bière en guise d'apéritif. A peine la première gorgée avalée arrive une biche encore en mue de printemps. (photo 4)

Elle se met à brouter et semble apprécier cette herbe tendre si verte. Et dire qu'il y a 6 semaines, alors que j’étais venu chercher, ou plutôt ramasser des bois de cerfs (12 en 2 jours), tout était recouvert de 20cm de neige. Malgré les années je suis toujours émerveillé par cette explosion de la végétation. La biche, quant à elle, se repaît tranquillement broutant de-ci de-là, semblant choisir les espèces végétales qu'elle préfère. (photo 5)

Alors que le temps passe aucune autre biche ne se présente et très vite, je me dis qu'une biche isolée au début du mois de juin est sûrement suitée. Alors qu'elle me tourne le dos, j'en acquiers la quasi-certitude, car elle présente une belle mamelle bien gonflée, on devine même les tétons. (photo6) Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, pendant les premiers jours de sa vie le faon ne suit pas sa mère, il passe la majorité de son temps couché et la biche ne reste pas à ses côtés. Elle peut le laisser seul pendant plusieurs heures et s’éloigner de quelques centaines de mètres, ne revenant à sa proximité que pour les tétées.

Peu à peu, elle se rapproche des rochers tombés de la paroi voisine pour mon plus grand bonheur, car j'affectionne particulièrement les clichés obtenus. J'aime beaucoup les dégradés de couleurs produits par les lichens et les mousses. (photo 7)

A 12H30 elle se couche au soleil au milieu des rochers. (photo 8) Harcelée par les mouches, elle ne cesse de battre des oreilles. A 13H00 elle se relève et monte à travers les rhododendrons vers un petit bosquet dans lequel elle se recouche. Peut-être y a-t-il moins de mouches à l'ombre des feuillages ? Je la devine dans mes jumelles à travers la végétation.

A 16H30 elle se relève et redescend vers moi. Tranquille, elle se remet à brouter au milieu de l’éboulis puis regagne la verte pelouse. (photo 9)

Alors que tout est calme retentit soudain un cri dans mon dos entre un miaulement de chat et le bêlement d'un agneau. Aucun doute, c'est un faon qui appelle sa mère ! La biche aussi l'a entendu, elle lève la tête, pique les oreilles (photo 10) et démarre au trot dans la direction de l'appel en passant à quelques pas de l'affût. Je me retourne et je la suis aux jumelles à travers les branches. Je la vois trotter entre les rhododendrons jusqu'à son faon qui se lève à son approche. Il était couché là à environ 400m dans mon dos depuis plus de 4 heures. Je comprends qu'il ait faim ! Après une courte tétée, j'aperçois la biche passer au sommet d'un petit repli de terrain accompagnée cette fois de son rejeton avant qu'ils disparaissent tous les 2 de ma vue.

A 18H00 très satisfait de ma journée je ramasse mon matériel et je démonte mon affût en prenant grand soin à ne laisser aucune trace de mon passage. Il me serait fort désagréable d'arriver un jour et de trouver quelqu'un à « ma » place !
Quand tout me paraît correct, je décide d'aller jeter un œil à 300m de là, à l'endroit où j'ai vu rentrer les cerfs ce matin.
Hélas, mon quota de photo touche à sa fin. La suite dans 8 jours...

Bonjour,

Un bien joli démarrage de ton sujet.

De belles images. (Sujet juste un peu trop centré à mon goût )

J'espère que tu auras aussi des paysages à nous glisser dans ton récit pour nous imprégner encore plus du lieu.

Bonne suite

Alain

.

Belle balade avec des rencontres sympa et variées, le tout bien saisis.

De bien belle biches dans un bien joli environnement!

très belle biche avec un récit qui nous permet de te suivre dans tes démarches

un très beau récit en texte et image!

Tout d'abord Chris un très grand bravo et merci pour ce sujet .Le premier que tu postes ,mais tu as tout compris de l'esprit de ce salon .Quand je lis le récit et les clichés de cette longue journée ,ce n'est pas long pour moi, au contraire ,c'est passionnant ,vécu ,c'est ce j'aime quand le fofo nous offre de tels fils .Les non initiés apprennent des choses grâce à toi, cette journée auprès de cette belle maman comme si on y était ,c'est accompagné de fleurs (asphodèles) que je rencontre en Crau , ton affût est bien réalisé .
Bref un grand coup de chapeau pour ce post
Dominique

12 heures de Nature bien employées et riches en observations, Chris! On te suit heure par heure dans ton récit, comme si on y était, et on apprécie tes images! J'aime particulièrement les 4, 7 et 10!

Un compte rendu très vivant et agréable accompagné de très belles images.

Les copains ont tout dit. Au fait, bonsoir et au plaisir de te voir ici et ailleurs

Superbe ce fil avec de magnifiques photos de cette biche, bien illustrées par un texte très captivant et un pour la gentiane

Tout pareil.

J'ai beaucoup aimé ce post. Texte instructif et intéressant, bel environnement pour les images.
Une belle journée assurément, mais qui se mérite. Si j'ai bien compris : lever à 3h30 , 3 heures de voiture puis 3 heures à pied pour gravir les pentes rudes.
C'est vrai qu'il faut se donner la peine d'atteindre des zones très isolées si l'on veut pouvoir voir des cervidés en pleine journée.
A quelle altitude as-tu abouti ?
Il est bien ton affût ( je pratique de manière analogue ). C'est bien de l'avoir montré.
Préférence pour les images N° 4 et 5.
Je suis très curieux de voir la suite.

François

Avec ton texte qui accompagne ces très belles photos on est au coeur de l'action avec toi, bravo

Et bel emplacement d'affût.

Merci beaucoup à toutes et à tous pour vos retours.
Je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient si nombreux. Cela fait vraiment plaisir ! 
Pour répondre à Alain, les paysages ne sont pas trop mon truc, car je suis souvent déçu par la comparaison entre l'image obtenue et le cliché gravé dans ma mémoire, mais j'essayerai de faire un effort lors de ma prochaine visite à cette petite combe.
En ce qui concerne le message de Nouméa, je suis ravi, car je considère depuis longtemps que les images ont besoin pour s'exprimer vraiment, d'un ressenti, d'une émotion. Le texte est là pour cela et si j'ai réussi à vous faire toucher du doigt une once de l'émotion qui est la mienne lorsque je presse le déclencheur, je suis comblé ! 
Pour les interrogations de François, je confirme : lever à 3H00, car j'anticipe le repas du midi frugal et celui du soir souvent absent par un copieux petit déjeuner à l'Anglaise. Sinon le dénivelé n'est pas énorme, je laisse la voiture à 1350 mètres et la combe est à 1740 mètres. Par contre, je m'impose un détour assez conséquent pour pouvoir arriver à bon vent jusqu'à une petite crête assez éloignée pour pouvoir détecter tranquillement la présence ou non d'animaux avant de descendre me poster à l’affût.