Le mois d'avril arrive dans son dernier quart. Comme d'habitude je consulte faune-Bretagne. Mon regard tombe sur deux informations, non, trois ! La première, le nom de l'oiseau: pluvier guignard ! Je sais déjà que c'est une espèce plutôt rare, dont les escales migratoires, notamment pré-nuptiales, ne sont pas si fréquemment observées. La seconde : Menez Hom. Quel lieu ! L'un de ces sites bretons superbe et chargé de légendes… La troisième : une image de l'oiseau est jointe et je remarque que les conditions de prises de vue sont excellentes, particulièrement en matière de proximité.
Je préfère tout de même m'assurer de tout cela (le Menez Hom est à plus de 100 kilomètres de chez moi et je voudrais me donner toutes les chances de voir l'oiseau, dans la mesure du possible), et j'envoie un courriel aux deux observateurs. Qui me répondent très gentiment, me précisant la localisation exacte où l'oiseau a ses habitudes -le plateau sommital du Menez Hom est vaste- et les meilleures heures pour l'observer sans être dérangé (soi-même et l'oiseau), par les promeneurs, randonneurs, touristes et autres parapenteurs fréquentant le site.
Le 25 avril, nous partons donc, de bon matin, mon époux et moi, pour le Menez-Hom. Si l'oiseau n'est plus au rendez-vous, au moins cela sera-t-il une belle balade.
Arrivés sur place, je laisse mon époux à ses occupations et, un peu fébrile, je me dirige vers l'endroit qui m'a été indiqué. Il est aux alentours de 9h15, 9h30. Il n'y a, en effet, encore que très peu de monde, et même, personne du côté de la pelouse, hors des sentiers les plus fréquentés, vers laquelle je me dirige. Le temps oscille entre soleil et passages nuageux, au gré d'un vent plutôt frisquet et assez soutenu (ceci expliquant peut-être cela!).
D'abord, je ne vois rien. Puis, si, là, à quelque distance, un oiseau. Ce devrait être lui… Je m'approche doucement. Oui, c'est bien lui, ou plutôt elle, car c'est une femelle! Fichier(s) joint(s):
Commentaire: 2028 -Je m'approche doucement: oui, c'est bien lui, ou plutôt elle, car c'est une femelle, majestueuse!
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Prudente, je m'assied d'abord, sur mon tabouret d'affût, à quelque distance. Je prends les premières images, celles que l'on tient à garder par sécurité si d'aventure l'oiseau disparaît. Elle marche, tranquillement, sur la pelouse rase, parsemée de quelques rocailles et cailloux et de zones d'herbes plus hautes, le tout irisé par la rosée matinale. Fichier(s) joint(s):
Commentaire: 2029- elle marche tranquillement....
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Je la suis, doucement, me rassois, prend d'autres images. Je vais rester ainsi avec elle un long moment, une bonne heure, me rapprochant au fur et à mesure de ses déplacements, variant les angles de prises de vue et les milieux (herbes rases, zones caillouteuses, herbes plus hautes), les lumières et les attitudes, jusqu'à ce que ce soit elle qui vienne à moi, à moins de 10 mètres ! Magique ! ….. Fichier(s) joint(s):
Commentaire: 2030 -séance d'étirement
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Commentaire: 2031- puis d'ébrouement....
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Et puis les premiers promeneurs arrivent (et me demandent, c'est classique, voyant mon matériel -on vient plutôt ici pour prendre le paysage en images-, ce que je fais là, de quel oiseau il s'agit etc.). C'est le signal du départ……
Au retour sur le parking, comme je l'ai déjà signalé, j'ai rencontré Jacky et Maurice, qui venaient d'arriver. Il était 11 heures du matin, mais ils ont pu voir, eux aussi, l'oiseau. Jacky m'a indiqué un endroit où je pourrais voir les plongeons, imbrins et/ou arctiques, certains en quasi plumage nuptial. Nous y sommes passés sur le chemin du retour. Mais c'est une autre histoire…
Le pluvier guignard quant à lui est resté sur site quelques jours de plus. Et puis, le vent est tombé, le soleil a rendu la température plus douce, les parapenteurs sont revenus, les cyclotouristes et autres randonneurs et touristes ont été plus nombreux. L'oiseau est parti. Lui – ou un autre de ses congénères- a été vu encore quelques jours sur d'autres sites finistériens. Le dernier a été vu le 7 mai.
Ils sont désormais en route vers leurs sites de nidification…..
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Il est temps maintenant de vous présenter cet oiseau à bien des égards singulier. Car saviez-vous ?
- que le pluvier guignard, de la famille des charadriidés, oiseaux limicoles des milieux ouverts, est, stricto sensu, un gravelot, puisque du genre « charadrius » et non « pluvialis ».
- Qu'Il est une des rares espèces où le dimorphisme sexuel est inverse, la femelle étant à la fois plus grande et, en plumage nuptial, plus colorée que le mâle.
Le rôle des sexes étant inversé, c'est la femelle, plus forte et plus colorée, qui est activement engagée dans les parades et la défense du territoire. C'est elle qui choisit le mâle et poursuit son compagnon jusqu'à ce qu'elle se couche et allonge cou et tête sur le sol. Le mâle la féconde alors. Puis le couple construit le nid, la femelle pond environ 3 œufs.
C'est le mâle qui couve, pendant près de 4 semaines. Exclusivement lui, en tout cas pour la première ponte.
Car si le couple peut être monogame, la polyandrie n'est pas rare chez le guignard, une femelle étant capable, même après une première ponte, d'en faire une seconde, voire une troisième, pour de nouveaux partenaires qu'elle courtise et qui la fécondent. Il lui arrive dans ce cas de participer également à l'incubation.
D'ailleurs, selon les régions et les populations, on peut le trouver monogame, polyandre mais aussi polygyne, notamment lorsque la première ponte est détruite, les mâles acceptant dans ce cas une ponte de remplacement sans qu'il soit certain que ce soit avec la même femelle puisque la plupart d'entre elles s'éloignent dès qu'elles ont pondu.
Les jeunes sont nidifuges et sont sous la garde du mâle. L'envol se produit entre le 25ème et le 30ème jour. Les jeunes sont alors indépendants.
La mue postnuptiale de l'adulte est complète. Elle commence entre mi-juillet et mi-août sur les sites de reproduction. Sitôt la migration entamée, elle est suspendue, La mue reprend non loin des sites d'hivernage ou dès que les oiseaux les ont rejoints. Elle est achevée entre octobre et décembre.
La mue prénuptiale, conduisant au plumage nuptial, est partielle. Elle se déroule entre début mars et mi-mai.
Les jeunes oiseaux ont une mue post-émancipatoire partielle, entre août et fin novembre. Elle est suivie par une première mue prénuptiale partielle, similaire à celle de l'adulte.
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Commentaire: 2032-la mue prénuptiale, conduisant au plumage nuptial, est partielle. Elle se déroule entre mars et mi-mai. On voit ici qu'elle n'est pas encore totalement terminée.
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-Qu'il se nourrit surtout d'insectes et d'arachnides, parfois également de mollusques et de vers de terre. Des végétaux sont également consommés, mais en moindre quantité : graines, jeunes feuilles, fleurs et baies.
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Commentaire: 2033- il se nourrit surtout d'insectes et d'arachnides, mais aussi de vers de terre....
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- Qu'enfin c'est en effet un grand migrateur puisqu'il niche principalement dans la ceinture circumarctique d'Eurasie, du nord des Iles Britanniques et de la Scandinavie à la Sibérie Orientale. Mais aussi du nord est du Kazakhstan au nord-ouest de la Chine ou au nord de la Mongolie. Il peut être nicheur sporadique et irrégulier en quelques points d'Europe (Carpates, Alpes, Pyrénées) et hors d'Europe (Caucase et Alaska). En France, il y a eu quelques couples nicheurs dans les Pyrénées Orientales dans les années 1980 et 1990 . Il ne semble pas y avoir de reproduction prouvée depuis 1999.
Ils migrent vers le sud pour passer l'hiver en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, voire, sporadiquement, en Espagne.Les oiseaux de Sibérie, par exemple, peuvent ainsi parcourir plus de 10 mille kilomètres avent d'atteindre leurs quartiers d'hiver.
Entre la partie boréale et l'Afrique, le voyage paraît être effectué en deux ou trois étapes nocturnes de longue portée, entre lesquelles les oiseaux s'arrêtent et se reposent pendant un ou plusieurs jours.
En France, c'est durant la migration d'automne, post nuptiale, qu'il est le plus souvent observé, à partir de la mi-août, jusqu'en novembre. Les principaux sites de pose se situent dans les hauts plateaux de Cerdagne, en montagne basque, en Crau, sur ceux du sud-est de la France, en Lozère, et secondairement sur les côtes Atlantiques, notamment dans le Finistère.
Les observations de la migration printanière, pré-nuptiale, de mi-mars à juin, culminant au tout début du mois de mai, sont moins nombreuses. Les oiseaux s'arrêtent dans des secteurs disséminés. C'est le cas dans le Pas-de Calais, le Finistère, le nord de la Sarthe et aussi en Beauce.
L'espèce est un hivernant très occasionnel en France.
En période de reproduction, le pluvier guignard apprécie surtout les zones plates au sommet des régions montagneuses, où s'associent des blocs rocheux et une végétation rase herbeuse et moussue. Il niche donc sur les hauts plateaux dénudés, mais aussi dans la toundra, à plus faible altitude.
Dans ses quartiers africains d'hivernage, il se trouve surtout dans les secteurs semi-désertiques et autres milieux arides et dégagés, y compris les plateaux dénudés et les maigres pâtures.
En période migratoire, ce limicole reste inféodé aux espaces ouverts, pauvres en végétation : dunes grises fixées du bord de mer, sommets dénudés des montagnes, plateaux à végétation nue, ou, en milieu agricole, labours, jeunes semis ou champs de pommes de terre, pois ou lin.
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Commentaire: 2034- en période migratoire, ce limicole reste inféodé aux espaces ouverts , pauvres en végétation, caillouteux....
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Les sites de halte sont souvent les mêmes d'une année sur l'autre, s'ils restent attractifs (tranquilles, à la végétation rare et rase...) et certains secteurs sont des sites de haltes "traditionnels".
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Commentaire: 2035- les sites de halte sont souvent les mêmes d'une année sur l'autre... Alors, je l'espère, à l'année prochaine et belle(s) nichée(s)!
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