Pour des raisons familiales, peu de sorties sur le terrain en ce moment.
Mais je suis tout de même retournée, comme régulièrement depuis 3 ans, rendre visite au tichodrome au pied de cette église périgourdine, son site d'hivernage habituel où il trouve aisément à se nourrir. Il semble également que les greniers du mur-clocher lui servent d'abri pour la nuit.
Je n'avais fait que l'entr'apercevoir lors de mes visites en novembre et décembre derniers, sans même pouvoir prendre d'images. J'avais déjà remarqué, au cours des années précédentes, qu'il était plus souvent visible sur cet édifice en février-mars et cela s'est confirmé lors de ma visite d'il y a une dizaine de jours, m'offrant là un joli cadeau d'anniversaire.
L'activité du tichodrome en période hivernale a fait l'objet d'une étude de la LPO Vienne à l'occasion de l'hivernage d'un individu à la cathédrale de Poitiers (« Hivernage d'un tichodrome échelette sur la cathédrale de Poitiers »- Bernard Liégeois- LPO Vienne- L'Outarde n°46, mars 2009).
Je pourrais reprendre, pour ce qui concerne mes propres observations, quasi mots pour mots ses conclusions.
« Le Tichodrome échelette Tichodroma muraria est un nicheur rare, localisé dans les falaises abruptes et souvent ombragées des régions montagneuses. A partir du mois d’août et jusqu’en février-mars, l’absence de nourriture, due à l’apparition de la neige dans les massifs montagneux, l’entraîne dans les vallées. D’autres individus pratiquent une migration à courte ou moyenne distance en plaine, sur de vieux édifices (églises, châteaux), des ouvrages d’art (barrages, ponts) ou encore des zones rocheuses (falaises, carrières).…
….. L’hivernage de l’espèce s’étend fréquemment en Provence, Languedoc, Dordogne, Bretagne, Normandie, Bourgogne et aussi en Poitou-Charentes. Les oiseaux hivernant dans notre région proviennent vraisemblablement des massifs alpins, car ceux qui quittent les Pyrénées semblent se déplacer au sud de la chaîne, dans la péninsule ibérique.
…… Chaque fissure, interstice, joint, cavité que recèle le bâtiment, offre un potentiel de nourriture extraordinaire pour cet insectivore qui, muni de son bec fin et arqué, se délecte d’araignées, de moucherons, de mouches et autres petits lépidoptères. En fait, lorsque l’oiseau est repéré, il est la plupart du temps en train de se nourrir, se déplaçant par saccades sur les parois ou les corniches, offrant fréquemment, mais furtivement à l’observateur le rouge fuchsia et les perles blanches de ses couvertures…... Les déplacements du Tichodrome sur l’édifice sont aussi étonnants qu’imprévisibles. Grimpeur et acrobate singulier, il défie les lois de la gravité et peut à tout moment changer de direction, grimper sur une paroi abrupte et se laisser tomber aussitôt comme une pierre, ailes fermées, pour les ouvrir 10 à 15 mètres plus bas, tel un papillon, afin de se poser sans encombre sur une bordure de vitrail… Dans sa quête de nourriture, l’oiseau prospecte inlassablement la plupart des parties verticales du bâtiment, mais il semble tout de même privilégier des zones non restaurées récemment, plus riches en proies potentielles.
….. Hors période de nidification, le Tichodrome ne supporte pas la compagnie de ses congénères, passant l’hiver en solitaire, mais il peut y avoir exception à la règle.…. Le Tichodrome échelette n’est pas farouche et ne semble pas gêné par la présence humaine. Il ne paraît pas sensible aux déplacements et aux voix de visiteurs ou d’observateurs, pas plus qu’aux manœuvres et bruits de véhicules parfois très proches. Si la distance le séparant des hommes est généralement supérieure à 15 mètres, il lui arrive parfois de s’approcher à une distance inférieure à 10 mètres.
……. Il est apparu qu’en fin de journée l’oiseau rejoignait l’intérieur de la cathédrale, pour y passer la nuit.
…… Pour information, les horaires du coucher de l’oiseau se sont échelonnés de 17h04 (7 décembre) à 19h19 (29 mars). On peut remarquer que par temps couvert, l’oiseau gagnera son gîte plus rapidement que par temps clair. C’est assez marquant pour la période comprise entre le 13 janvier et le 3 février, et surtout entre le 17 février et le 31 mars, où les écarts mesurés sont souvent supérieurs à 25 minutes. Il en résulte que l’oiseau est vraisemblablement plus sensible à la luminosité ambiante qu’au coucher réel du disque solaire.
….. J’ai pu constater que l’oiseau, habitué dans sa quête incessante de nourriture aux extérieurs de la cathédrale, n’en dédaignait cependant pas l’intérieur, y trouvant à volonté les petits insectes et araignées dont il est friand…
…..Il quittait l’édifice en vol direct et papillonnant, direction est-nord-est. La localisation supposée se situait …..à proximité des falaises dominant la vallée. J’en ai déduit que l’oiseau pouvait affectionner les lieux et vraisemblablement y trouver quelque nourriture. Hypothèse confirmée le 24 janvier par un riverain.
….. Autre question primordiale pour la connaissance de l’oiseau. Le plumage internuptial du mois de décembre ne pouvait pas nous renseigner sur le sexe du Tichodrome. Le 3 mars, j’ai constaté une légère variation du plumage du Tichodrome poitevin. Son ventre s’était légèrement assombri et un point noir diffus ornait sa gorge grise. Le doute fut définitivement levé vers la mi-mars, l’oiseau n’ayant pas changé d’apparence. En effet, à cette époque, les mâles ont déjà acquis leur plumage de reproducteur, caractérisé par une poitrine et une gorge complètement noires. Notre hivernant était en fait une femelle adulte.
…… Quelques points restent en suspens. Notamment l’heure du lever de l’oiseau. L’édifice étant fermé la nuit et accessible seulement après le lever du soleil, il ne nous a pas été possible de recueillir des informations sur l’heure de début d’activité du Tichodrome. Quelle est la durée de son sommeil ? Certains auteurs pensent qu’il dort beaucoup, étant donné son activité débordante, et les conditions météorologiques souvent rudes en montagne et les longs moments de recherche infructueuse dans la journée. A moins qu’il ne soit présent sur d’autres sites proches inconnus des observateurs, ce qui est aussi parfaitement envisageable. »
Comme à Poitiers « mon » tichodrome explore, pour se nourrir, les interstices du bâtiment périgourdin, mais aussi les niches qui mènent à l'intérieur de l'édifice, se rend à l'intérieur du mur clocher pour y dormir, se pose sur un des toits pour y faire sa toilette, part une partie de la journée se nourrir sur les falaises environnantes, a été vu avec un deuxième individu, se laisse approcher sans s'effaroucher…..
Quelques images ….
1156- Position caractéristique du tichodrome offrant fréquemment, mais furtivement à l’observateur le rouge fuchsia et les perles blanches de ses couvertures...
1157-Dans sa quête de nourriture, l’oiseau prospecte inlassablement la plupart des parties verticales du bâtiment ...
1158 - Chaque fissure, interstice, joint, cavité que recèle le bâtiment, offre un potentiel de nourriture extraordinaire pour cet insectivore qui, muni de son bec fin et arqué, se délecte d’araignées, de moucherons, de mouches et autres petits lépidoptères….
1159- Grimpeur et acrobate singulier…..
1160- J’ai pu constater que l’oiseau, habitué dans sa quête incessante de nourriture aux extérieurs de la cathédrale, n’en dédaignait cependant pas l’intérieur, y trouvant à volonté les petits insectes et araignées dont il est friand…
1161- Les déplacements du Tichodrome sur l’édifice sont aussi étonnants qu’imprévisibles….. Cette dernière image date de mars 2014.