La vie d’un photographe de nature est peuplée de rêves, d’espoirs et de désillusions.
S’il est admit que nous passons souvent pour des chercheurs d’idéal, nous sommes plus souvent les représentants maladroits d’une réalité moins heureuse, qui doit être magnifiée pour avoir une chance de perdurer et survivre à nos contradictions.
En cela notre passion est une chance pour la nature. Une chance que nous nous devons de revendiquer auprès du plus grand nombre.
Plus nous sommes en attente de réaliser la photo rêvée, plus nos espoirs s’amenuisent tant la difficulté tient autant à trouver le sujet photographique préservé, qu’à combiner les bonnes conditions techniques pour y parvenir.
Depuis maintenant 5 années, j’arpente un petit territoire dans le Var, du côté de Saint Maximin à la recherche d’insectes et de fleurs.
Force est de constater que la tâche est soumise à la patience tant la raréfaction de l’un et de l’autre fait l’objet de preuves sur le terrain.
Papillons, odonates, mantes et fleurs sont autant d’objectifs à atteindre mais qui restent trop souvent inatteignable, et les causes sont multiples.
Pollution, destruction, construction, divagation, ne font qu’accroître les difficultés pour capter l’objet de nos convoitises.
Si je me concentre sur le petit monde, d’autres iront s’isoler dans les Abruzzes pour fixer s’ils le peuvent l’indicible regard du loup. Ils vivront à n’en pas douter l’exaltation des grands espaces, et l’émotion de la quête sera décuplée par la rareté de l’instant photographique.
Cet instant que nous espérons tous, qui tient à l’infime, à l’équilibre, à la précision, est tenu pour rare pour l’émotion qu’il procure, pour la sensation d’appartenir à un monde qu’il convient de respecter et de magnifier par notre humble participation.
Participer à construire l’avenir tient aussi à valoriser le présent. Notre vision de celui-ci est indéfinissable si nous concevons une seule seconde qu’il appartient à la fragilité de l’instant. A ce moment si particulier, si personnel ou ce que vous chercher, ou ce qui nourrit vos espoirs se présente devant votre optique.
Il m'aura fallu plus de cinq ans pour que je vive ma rencontre avec l’Ascalaphe Soufré. Je l’avais aperçu furtivement en vol, en 2015, ne se posant que quelques secondes dans une lumière bien trop forte pour imaginer pouvoir le photographier et mettre en valeur ses couleurs citronnées.
Deux spécimens, seulement deux, sur une seule matinée. Car l’élégant insecte est déroutant par sa faculté à disparaître sans explication, d’une minute à l’autre.
Cette matinée de premier mai 2019 restera donc chargée d’une relative stupéfaction par le nombre d’Ascalaphes croisés. Ce sont plus d’une dizaine de libellule/papillon qui viendront posés devant mon boîtier.
La lumière est presque parfaite, pas de soleil mais un ciel nuageux, ou filtre par endroit un soleil matinal complaisant par son orientation et sa diffusion, baignant la scène dans une ambiance de studio éclairée par une boîte à lumière.
Certains sont posés sur des brindilles, d’autres sur des tiges de fleurs, mais tous sembles me regarder, me suivre dés que je veux les approcher, au point qu'ils tournent et se cache derrière leurs tiges, ne me présentant que leurs "bouilles" sympathiques de moustachus aux grands yeux.
La lumière restera constante et radieuse pendant presque deux heures ce premier jour, et mes nouveaux amis resteront assez sage finalement, me gratifiant de leurs bonhomie déconcertantes...
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Il ne s'agit pas d'un papillon mais d'une espèce d'insectes névroptères de la famille des ascalaphidés.