Chers amis,

C’est toujours un plaisir d’adresser des remerciements, et aujourd’hui, ils s’adressent plus particulièrement à Robert, Joëlle, Dominique, Jean-Michel et Julien.

Retardé pour cause de canicule, le jour espéré, longuement attendu, est enfin arrivé.
Il faisait encore un peu chaud, et les jeunes Pourprés le montraient, haletant et écartant les ailes, comme des grands pour se ventiler.
Enfin, ils avaient parcouru les tout petits mètres nécessaires pour montrer leur élégance d’adolescents.
L’un d’entre eux, spécialement, a fait le show.

Amitiés,

Patrick

42 jours exactement ! Ils ont donc, pour les aînés 6 semaines si mon calcul est juste. Une fois n’étant pas coutume, ils ont donc une semaine d’avance sur les indications de la littérature qui prévoit leurs premiers vols à l’âge de 7 semaines.
Qu’importe finalement ?
Eh oui, j’ai eu la chance et le bonheur de voir leurs premiers vols. Je devrais avoir en image l’envol de l’un d’entre deux.
J’ai bien vu qu’il s’allongeait un peu au faîte de son saule, mais je n’y ai pas cru assez.
La joie de l’avoir vu me suffira.
Leur taille est à présent très proche de celle des adultes.
Mais le costume diffère profondément ; plus roux, plus terne, il attend la première mue qui sera effectuée d’ici à la fin novembre. Et puis n’oublions pas qu’il leur faudra attendre l’âge de 2 ou 3 ans pour endosser le beau costume nuptial.
Ils ne manquent pas de charme, selon moi.

15 – Il se montre enfin !


16 – Une des fratries



Etrangement, on voit fort peu les adultes alors que l’appétit de leurs enfants doit logiquement aller croissant.
7 passages au nid, tout au plus, en trois heures…
Ceci me fait songer à un ami cher que j’espère aller rejoindre très bientôt. Chez Merops, les visites deviennent de plus en plus nombreuses (jusqu’à une visite toutes les 2 minutes) au fur et à mesure de la croissance des jeunes.
Vous avez dit bizarre ?
Je suis toujours étonné, aussi, par l’observation de comportements innés, très significatifs.
Aux âmes bien nées…
Il en est ainsi pour ces postures destinées à lutter contre la chaleur (il ne faisait pourtant que 30° à l’ombre).


17 – J’ai un peu chaud


18 – J’ouvre les ailes


C’est encore plus vrai, à mes yeux, pour ces crêtes hérissées à la mode parentale.
Les adultes étaient loin, dans un nid éloigné.
Les jeunes y ont laissé éclater leurs cris grenus, et se sont livrés à une belle petite bagarre pour être servis en premier.
Ici, ne voyez nulle trace de querelle ; frères et sœurs semblent s’entendre parfaitement.
Mais peut-être avaient-ils entendu la clameur et manifesté leur faim naissante.
Tout ce termine, comme bien souvent, par une toilette, avec, pour qui garde la naïveté de le croire, un petit signe amical, qui montre bien, au reste, la dimension des doigts.

20 – Clap de faim


21 – Toilette finale

Un reportage documenté en images rarement vues pour ma part, et argumenté avec tes conclusions d'observateur aguerri .
Une découverte passionnante de l'évolution de cette fratrie ou le cliché N° 16 est top, avec ces regards tournés ver la "ligne verte d'un espéré futur repas!"
Le cliché montrant la disproportion de la taille des doigts par rapport à l'ensemble du corps m'a amené à une réflexion:
Pendant mes études ,on m'a appris en anatomie que chez l'enfant la taille de la tête représenté 1/3 de l'ensemble du corps et que à l'age adulte c'était 1/5 et que cela était du au fait que le cerveau était l'élément primordial chez l'homme .
Est-ce que cela voudrait dire que chez le héron ,ce sont les pieds ......

En tous cas bravo et merci à toi de nous faire ainsi profiter de tes longues heures d'observation à travers cet excellent reportage.
Ou tu as j'en suis sur passé d'excellents moments
Amitiés
Dominique

Juste un petit mot Patrick, tu sais pourquoi, pour te dire combien est beau et passionnant ce récit et ces images, véritable festival d'attitudes et postures, avec des images inédites et une observation toujours aussi pointue. Les pourprés comme peu ont su les montrer!
Avec toute mon amitié,
Joëlle

Bonjour Patrick,
Depuis plusieurs semaines je n'avais pas eu le temps de suivre ton fil, car pour te suivre il faut prendre le temps de l'information, de la poésie et de l'expression dans tes images.
Je viens de me régaler à te lire et suis maintenant bien instruit grâce à toi sur ce bel oiseau qu'est notre (ton ou tes) pourpré.
Je t'envie un tel spot.
Parmi tes nombreuses photos, j'ai un vrai coup de cœur pour la 16, cette belle fratrie
Un grand bravo et merci pour le temps que tu nous consacres au partage de tes passions

Un grand bravo Patrick pour ce suivi et de belles images qui vont avec

Un vrai plaisir de suivre ces oiseaux au fil du temps avec ces descriptions toujours aussi agréables à lire et ces images qui nous permettent de nous régaler comme si nous y étions !
Bravo et merci du partage !

Merci Patrick

tu est mon kiné préféré comme réeducation et soin c est extra
pour le moral

Merci pour ces partages, celui de ta passion , et celui de ces images passionnantes ! Moi qui au mieux ne l'entrevois qu'une fois l'an, de loin en vol, c'est un régal ! Encore merci !

Chers amis,

C’est vraiment un plaisir de partager ces observations et ces émotions avec vous.
Bien sûr, comme certains l’ont noté, tout ceci s’abreuve aux sources de la passion.
Merci infiniment Dominique, Joëlle, Pierre-Michael, Michel, Robert, Jaseur, moussetania (dont je salue amicalement le retour sur mes fils) et morikan.

Je mesure peu à peu la chance énorme que j’ai d’avoir cette colonie aussi proche de chez moi.
10 minutes tout au plus.
Même par temps fâcheux, je peux y courir dès le premier rayon de soleil et cela m’a parfois joué des tours ; je suis rentré trempé, certains soirs d’orage (le matin, l’endroit est en plein contre-jour).
Il est vraiment passionnant de suivre la reproduction d’une espèce, de découvrir peu à peu ses secrets et d’essayer de la comprendre.
Pas tous ses secrets bien sûr, mais j’ai, en anticipant un peu, déjà pris rendez-vous pour la deuxième quinzaine de mars de l’an prochain, à leur retour d’Afrique qui leur coutera une traversée du Sahara.
Pour l’heure, il me reste un mois, même si je souhaite être le plus souvent possible interrompu par Merops qui devrait commencer un nourrissage actif dès la semaine prochaine.
Il pourra y avoir de l’alternance.
Voici les dernières nouvelles.

Amitiés,

Patrick


Depuis l’empire romain, au moins, le pourpre est la couleur choisie pour le costume de hauts dignitaires, détenteurs du pouvoir et de la dignité.
Elle orne fort logiquement la tenue des Cardinaux.
D’une autre façon, plus récente, nos voisins espagnols donnent au Héron Pourpré, le nom de Garza imperial.
Evidemment, entre Cardinal et Empereur, le choix peut se faire vite, peut-être.
Histoire d’ambition, ou bien de conviction…
Sans savoir si notre héron détient de quelconques pouvoirs inconnus de nous, il est vraiment digne, et notre seule certitude est que le pourpre lui sied à ravir.

Pour leur 44ème jour, les adolescents avaient gagné en hardiesse.
Les vols se multipliaient, jusqu’à les emmener à une cinquantaine de mètres du nid.
Les parents nourriciers se montrèrent bien plus souvent ce jour-là !
Comme quoi l’intervalle qui sépare deux visites (qu’il s’agisse de relais entre époux ou de nourrissages) ne peut être analysé que par un seul paramètre : le succès de la pêche.
Tout le reste n’est donc qu’affaire de moment.
On est là, ou non.

Une découverte chassant l’autre, j’ai observé un comportement qui m’a fait réfléchir.
Comme le montre l’image suivante, il m’a semblé y avoir une sorte de préséance au sein de la fratrie.
C’était un peu comme s’il y avait un chef de bande.
Nous n’en sommes qu’au stade des supputations, mais en restant prudent face aux excès de l’anthropomorphisme, cette hypothèse n’est peut-être pas aussi folle qu’elle en a l’air.
Il est acquis que dans un même nid, l’incubation commençant au premier œuf pondu, il peut y avoir une différence d’une bonne semaine entre l’aîné et le puiné.
Paul Géroudet nous enseigne d’ailleurs que le plus jeune périt parfois, en raison d’une alimentation insuffisante et que le cannibalisme existe.
C’est comparable au petit drame qui affecte régulièrement la famille du Milan Noir.
Est-ce cette sorte de droit d’ainesse qui confère cette influence au plus âgé ?
Il est possible de le penser, tout au moins.

22 – Fraternité


Les images qui suivent peuvent montrer également ce qui peut ressembler à une forme d’admiration si l’on observe bien le regard du jeune frère (ou bien de la jeune sœur) devant ces battements d’ailes, ou bien le bec tendu, presque envieux du jeune moins intrépide qui observe l’aîné, plus gaillard, qui a gagné de l’altitude.

23 – Comment fais-tu ?


24 – Je voudrais bien…


L’extension des ailes peut donner une plus juste impression de la taille de ces adolescents.
Et puis, franchissant les dernières limites, l’un d’entre eux atteint le sommet du saule qui l’a vu naître.
Il a bien choisi son moment car il y avait un peu de lumière.

25 – Je suis un grand !


26 – Et je suis beau


Encore quelques semaines et puis tout ce petit monde va nous quitter un matin, plutôt un soir, pour regagner l’Afrique subtropicale.
Un soir, très certainement, car les Pourprés migrent de nuit, par groupes d’une quinzaine.
On devine leurs raisons en pensant à la traversée du désert.
Il n’est peut-être pas trop tard pour espérer quelques scènes familiales (l’idéal serait, bien entendu l’adulte avec ses jeunes) ou rêver d’un grand soir au cours duquel un groupe multi générationnel révise sa feuille de route.
Avec 18 couples et 3 enfants par nid, ce sont, dans l’absolu, 90 oiseaux qui pourraient orner le ciel.
Une petite moitié suffirait amplement à mon bonheur.

Très jolie suite et bien documentée, cela fait plaisir à lire et à voir!

Quelle langue sur l'une!



Gygy

Ces pourprés te donnent l'occasion, Patrick, de procéder à des observations comme tu les aimes, en profondeur et sur la durée. Cela donne un reportage d'une magnifique richesse , et l'on va, comme toi, de découvertes en découvertes, on suit, comme toi, l'évolution de ces jeunes, et on cherche, comme toi, å donner sens à chaque posture ou attitude qu'ils te donnent à voir. Tes images gagnent également en détails et en finesse, au fur et à mesure que tu prends la mesure du site et que tu avances dans la connaissance de ces superbes hérons, et sont toutes superbes et pleines de sens.
Avec toute mon amitié,
Joëlle

Intéressantes remarques sur le pourpre cardinal ou impérial ,bien que je sois assez dubitatif sur la concordance des couleurs entre les habits de ces haut dignitaires et le plumage de nos hérons
Quand à la saga de cette fratrie ,tu nous la narres de belle manière agrémenté de tes observations avisées .
Comme signalé par Joëlle ,je trouve que au fur et à mesure de la maîtrise de ton spot ,tes images s'affinent et gagnent en qualité
24 et 25 super cadrage !
Amitiés
Dominique

Magnifique suite avec des postures intéressantes. C'est vrai que tu as de la chance d'avoir cette nichée à 10mn de la maison. Mais je ne vais pas me plaindre, j'ai aussi ce qu'il faut à 10mn.

En tout cas merci pour ce suivi

Chers amis,

J’aurais été vraiment content de vous proposer un peu de variété en vous parlant de Merops avec de belles images.
Très malheureusement, alors que je suis allé chez lui le 4 juillet, je n’ai trouvé que du sable.
Plein d’espoirs après les 7 ébauches (sérieuses) de galeries vues en mai, je suis tombé de haut.
Le vent et la pluie ayant fait leur œuvre depuis, il n’y avait plus la moindre trace ; pas une plume, pas un chant, et rien de mieux ne m’attendait sur ses territoires secondaires.
Cette saison est finie, avortée, car il ne s’est pas installé.
Je vais donc vous resservir du Héron.
Permettez-moi un petit préambule.
Plusieurs, dans leurs commentaires, ont estimé que la qualité de mes images s’améliorait avec une meilleure connaissance du lieu.
Mon avis est un peu différent.
Je fréquente l’endroit depuis près de 100 heures, et voici assez longtemps que j’ai repéré, les nids, les perchoirs habituels, et les trajectoires de vol.
Ce qui a vraiment changé, selon moi, est que les oiseaux sont, je n’ose pas dire plus proches (avec une vingtaine de mètres au moins), mais moins lointains.
Et puis, les jeunes sont dégagés nettement plus du feuillage, dont la présence perturbe l’AF comme vous le savez tous.
Ce n’est qu’un détail.
Il est bien loin d’être un obstacle aux sincères remerciements que je vous adresse Gygy, Joëlle, Dominique et Robert.


Amitiés,

Patrick


Cette étude, cette recherche de connaissances et de découvertes m’a passionné et me passionne toujours.
Suivre la vie d’un oiseau est une expérience riche.
A chaque fois, il manque une saison, mais celle de la reproduction me semble être la plus enthousiasmante.
On part d’un site vide, de quelques branches d’arbres nues, et on termine avec des jeunes dont on suit la croissance, jusqu’à leurs premiers vols.
Bien entendu on serait tenté de les suivre dans leur première migration et de voir comment ils passent l’hiver.
Ceci n’est permis qu’aux voyageurs. De plus, les distances étant le plus souvent importantes, il n’est pas possible, en général, de rester assez longtemps pour vivre intégralement la saison manquante.
Qu’importe finalement, il faut se satisfaire de ce que l’on a.
Bien que l’estivage des Pourprés ne soit pas tout à fait terminé, l’heure est à la synthèse.
Pour ma part, je retiens la beauté de cet oiseau que je connais depuis longtemps, mais dont j’ignorais finalement à peu près tout.
Les longues griffes, les habitats, le manteau bleu des adultes.
Les cris, les postures de parade…
Mais, place aux jeunes !

Ils m’ont fait découvrir leurs petits cris répétitifs, très aigus dont la littérature ne fait pas mention.
Agés désormais plus de 7 semaines, ils m’ont appris de nouvelles choses encore.
A cet âge, ils quittent vraiment le nid, et font même des promenades dans la lagune proche.
Devant moi, la saulaie, et derrière cette lagune qui possède une roselière assez basse.
7 hectares qui leur plaisent visiblement.
J’ai pu remarquer qu’ils sont capables de produire des sons gutturaux assez proches de ceux des adultes.
Mais quand vient l’heure de réclamer la pitance, ce sont bien les appels de passereaux qui prennent le dessus.
Ces adolescents partent en promenade, mais ils savent que le nourrissage a lieu au nid.
Seulement au nid !
Un sourire …
Lors de l’arrivée d’un adulte nourricier, 3 adolescents ont suivi dans les 10 secondes suivantes, venant à grande vitesse de leur lagune.
Ils savent ce que manger veut dire.
Plusieurs fois, dans le nid le plus proche, un adulte est venu, mais est reparti sans nourrir.
Un peu à la façon de Merops qui, lorsqu’il estime que le temps est venu, ne donne pas sa proie aux jeunes pour les inciter à sortir.
Il est vrai qu’il s’agit des plus jeunes, et que, malgré mon assiduité, je n’ai pas eu l’occasion de les voir quitter le nid.
C’est une question que je me pose.
Mais j’ai noté que les jeunes affamés prennent, eux aussi, la posture de parade pour attirer l’adulte ; J’en ai une image mais sa piètre qualité m’empêche de vous la montrer
Il y aussi de petites histoires de pattes…
Jaunes chez l’adulte, elles sont d’abord grises pour les immatures. Mais l’évolution est assez rapide : 10 à 15 jours plus tard, leurs pattes deviennent jaunes, elles aussi.
Le temps est celui des envols.
Enfin, j’ai pu en capter un, après bien des essais infructueux.
Les manteaux bleus font place aux manteaux bruns qui, pour moi, ne manquent pas d’élégance.
Je les ai vus naître, et ceci explique l’affection que je leur porte.
Quelques images.

27 – Une petite sortie


28 – Il fait chaud, j’ouvre mes ailes


29 – Halètement, voyez ma gorge


30 – 4 œufs, 4 becs
V=

Cette image 30 est associée à une petite anecdote.
Claustrophiles comme il se doit, ces immatures étaient bien cachés dans leur saule.
Mais l’arrivée d’un adulte dans un autre nid, assez voisin, les a fait subitement sortir.
Ventre affamé n’a pas d’oreilles.

31 – L’envol

He bien Patrik voici venu le temps de la synthèse et comme tu le dis,c'est fou ce que l'on s'attache lorsque comme c'est ton cas,on peut les suivre de A à P (puisque,comme tu le regrettes tu n'as pas la partie hivernante)mais tu as quand même celle de l'apprentissage et c'est la plus passionnante .Tes observations sont pleines d'enseignements pour nous tant sur la croissance du corps que celles des différents sons et autres cris.
La relation avec Merops au niveau de l'apport des proies semble naturelle. Je comprends ta déception d'avoir trouvé les terriers abandonnés,mais je ne pense pas que les conditions de vent ou pluie y soient pour quelque chose,ils sont habitués. Chez moi je remarque une raréfaction spectaculaire du nombre de "spots " le manque de nourriture?J'ai aussi observe l"an dernier des attaques en regle d'étourneaux qui ont provoqué l'abandon d'une dizaine de terriers occupés. ...
Amitiés
Dominique