Et moi qui croyais que c'était une adorable bestiole sans histoires ! Merci pour la somme de renseignements et surtout pour ces superbes images !

Merci pour toutes ces informations très instructives et intéressantes, un plaisir de te suivre
Agrémenté de photos de haut niveau

Je suis dans le même cas. Mais malgré tout je les lis à chaque fois et je ne regrette que très rarement.

Merci beaucoup à Jacques, Alain, roboisdesbains, François, Joëlle, morikan, Michel et Robert pour vos sympathiques commentaires !

Merci de prendre le temps de lire ces quelques textes, j'essaie d'extraire les informations principales de ces longs articles scientifiques et de les résumer le plus brièvement et clairement possible.

Bonjour à tous,

Après avoir abordé le fonctionnement global des groupes de marmottes et l'accès à la dominance, nous allons aujourd'hui nous intéresser aux couples dominants, et plus particulièrement à un certain aspect :

Le divorce

La marmotte alpine est une espèce généralement monogame, et le couple dominant est en principe uni pour la vie. Mais, comme un peu partout ailleurs, les divorces existent. Quelles en sont les causes ? Chez certaines espèces, le divorce peut être initié par l'un des deux partenaires qui recherche une "meilleure option", par exemple après une mauvaise saison de reproduction. Par exemple, Ens et al. (1993) ont montré que la recherche d'une "meilleure option" était la cause de divorce chez les huîtriers-pies, qui peuvent rechercher, après le divorce, à la fois un meilleur partenaire et un meilleure territoire. Un tel processus doit donc être accompagné d'une augmentation du succès reproducteur, au moins pour l'individu qui initie le divorce.

Lardy et al. (2011) ont donc essayé de déterminer les causes de divorce chez la marmotte alpine. Premièrement, ils ont constaté qu'au sein d'un couple divorcé, il était peu probable que le partenaire remplacé ait déserté son territoire comme ce peut-être le cas chez les huîtriers. En effet, les marmottes dominantes sont connues pour être très territoriales et sédentaires, et il a été montré que seules 6% d'entre elles redevenaient dominantes sur un territoire voisin. De plus, il semble aussi improbables que le partenaire restant sur le territoire ait chassé le partenaire remplacé, car des observations montrent que les comportements agressifs sont extrêmement rares au sein d'un couple de marmottes. La découverte la plus cruciale est sans doute que les divorces chez les marmottes ne provoquent aucune augmentation du succès reproducteur, le nouveau partenaire n'étant pas spécialement de meilleure qualité phénotypique (poids, santé).

Ainsi, les résultats de Lardy et al. (2011) supportent plutôt l'hypothèse d'un "divorce forcé" chez les marmottes alpines. Dans tous les cas de divorces observés, l'arrivée d'un intrus a été constatée sur le territoire du couple dominant, ce qui a provoqué des combats, et la mort ou l'exclusion d'un des dominants. Les intrus étaient souvent des individus plus jeunes, identifiés comme subordonnés sur un autre territoire, ce qui indique qu'il s'agissait d'individus se dispersant à la recherche d'une place de dominants. Ce divorce forcé a un coût pour le dominant de l'autre sexe qui se voit imposer un nouveau partenaire, tout d'abord car l'éviction de l'ancien dominant est souvent suivie par des infanticides (Coulon et al., 1995). Le nouvel arrivant choisit d'éliminer ces marmottons avec lesquels il n'a aucun lien, qui monopoliseraient l'attention de son nouveau partenaire et qui pourraient induire un coût supplémentaire pendant l'hibernation. L'exécution a lieu rapidement d'une morsure à la nuque. Ce drame se déroule souvent en fin de printemps ou en été, ce qui est trop tard pour entreprendre la conception d'une nouvelle portée avant l'hiver. Ainsi, c'est une saison de reproduction entière qui est perdue pour la marmotte dominante qui a été forcée de divorcer.

Place aux images à présent !


Certaines marmottes font parfois preuve d'une affection débordante...



Voire étouffante...



Les papouilles laissent place au combat en un instant, mais rien de violent n'est à déplorer ici.



Les marmottes en pleine recherche alimentaire font parfois preuve de souplesse avec un demi-tour rapide !



On jongle entre la toilette et l'alimentation sans prévenir. Il faut profiter du début de cette saison d'abondance.



Parfois on reste simplement assis là, pensif, en observant les autres s'alimenter.



Et l'on se prend même à somnoler quelques instants au soleil du petit matin.



Une posture élégante prise à la suite d'un toilettage.



"Ne pensons pas aux divorces des voisins et restons soudés."



A nouveau une incursion des bouquetins dans ce reportage avec cette étagne que j'ai croisée dans les Gorges de Malpasset en compagnie de deux autres étagnes plus jeunes.



Dans la pente, cette petite curieuse jette un regard aux alentours.


Et observe en contrebas.


Et c'est tout pour aujourd'hui ! La prochaine fois nous parlerons des cris d'alarme des marmottes, leurs origines et leur évolution.

Merci d'avoir lu, et à bientôt !


Références :

Coulon, J., Graziani, L., Allainé, D., Bel, M.C., Pouderoux, S., 1995. Infanticide in the Alpine marmot (Marmota marmota). Ethology Ecology & Evolution, 7, 191–194.

Ens, B.J., Safriel, U.N., Harris, M.P., 1993. Divorce in the long-lived and monogamous oystercatcher, Haematopus ostralegus: incompatibility or choosing the better option? Animal Behaviour, 45, 1199-1217.

Lardy, S., Cohas, A., Figueroa, I., Allainé, D., 2011. Mate change in a socially monogamous mammal: evidences support the ‘‘forced divorce’’ hypothesis. Behavioral Ecology, 22, 120-125.

Ce ne sont donc pas vraiment des divorces par consentement !
Et encore moins des familles recomposées .

François

Que de découvertes sur la vie des marmottes et voilà qu'elles aussi se mettent à divorcer, tout fout le camp
Il y aura peut-être des marmottes avocats!
Félicitation pour cette documentation et les photos

C'est toujours intéressant...l'éviction d'un dominant et les infanticides qui en découle n'est pas le propre des marmottes...les deux jeunes étagnes ne sont plus des cabris

Alain

Quand je disais que la vie des marmottes n'était pas aussi simple qu'il y parait... Ipso facto, elles perdent un peu beaucoup de leur gentillesse de grosses peluches, et sont aussi expéditives que les lions dans la gestion de leur belle-famille...

Merci pour cette suite tout aussi savoureuse que les autres. C'est bien de noter tes sources, nous ne le faisons pas assez souvent

Excellent reportage , très instructif

Félicitations pour la qualité de ce reportage.

Décidément, la vie n'est pas un (si) long fleuve tranquille pour les marmottes et tout le mérite de ce fil tient dans la rupture de l'idée reçue que les moins spécialistes d'entre nous s'en faisait, entre hibernation et jolies sorties printanières et estivales! Les images sont par ailleurs de plus en plus belles!

Bonjour Jaseur , eh bien que de curiosité dans cette vie de marmotte , j'en ai appris pas mal depuis que tu as lancé ce reportage , mais le coup du divorce c'est quelque chose ...merci à toi pour toutes ces explications très instructives et puis aussi pour les photos , qui sont un régal pour les yeux de voir tout de même de "belles peluches vivantes "

Merci à François, Alain, morikan, Robert, Franck, Jacques, Joëlle, et aux deux Michel pour vos commentaires !



En effet, on peut voir que certaines espèces qui semblent éloignées, mais qui ont des systèmes sociaux ressemblants (groupes menés par un couple dominant) peuvent adopter des stratégies semblables.

Merci pour la correction au sujet des étagnes, je vais corriger cela !