J'ai choisi de vous présenter 100 oiseaux qui fréquentent l'Afrique dans ce fil. Elles seront toutes inédites triées pour leur seul intérêt esthétique qui n'aura souvent rien à voir avec le sujet du moment.
Pour ne pas simplement "balancer" des images à l'écran, j'ai choisi de vous présenter à chaque fois un sujet qui touche à l'oiseau. Pour le premier sujet j'ai choisi le chant.
Mes sources sont multiples, elles vont de l'inégalable
Paul Géroudet aux PDF qui circulent dans les milieux ornithos en passant par quelques sites sérieux et bien sûr par ma propre bibliothèque/documentation qui commence à être bien étoffée.
Pourquoi encore l'Afrique ? Premièrement parce que l'Afrique m'a profondément marqué et qu'elle m'attire comme un aimant. Deuxièmement, même si nous avons déjà posté pas mal sur le sujet, les espèces que je vais vous montrer sont de toutes façons beaucoup moins courantes que celles de nos régions que nous voyons tout au long de l'année sur le forum. C'est pas mal de boulot vu que mon fichier "Afrique" fait 157 gigaoctets mais çà me permet de continuer de voyager tout en faisant de la maintenance de disques durs. Et il y en a besoin.
Bien entendu, les sujets que je vais aborder seront simplement effleurés. Beaucoup d'entre vous vont trouver çà léger voir très léger mais le but est de faire découvrir certaines choses à des photographes débutants et surtout donner envies d'en savoir plus. Je suis tout, sauf un ornithologue et encore moins un savant. Se sera donc sans prétention aucune, bien au contraire, se sera en toute modestie, que je vous présente ce premier volet.
L'Afrique c'est çà..... Vous comprendrez que je m'y attarde un peu.
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1 - La plupart des espèces chantent, les espèces qui ne chantent jamais, comme les cigognes, font plutôt exceptions. Elles se contentent souvent d'un simple sifflement ou de claquements de bec très sonores soit dit en passant.
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2 - Mais en règle générale, la plupart des oiseaux chantent. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'ils ne chantent ni pour notre plaisir ni pour le leur. Ce chant a plusieurs buts. Tout d'abord se sera pour défendre un territoire.
Au printemps c’est le mâle le plus souvent qui s’installe sur un territoire qu’il a jugé «bon». Ce territoire est un espace où le couple doit pouvoir trouver les ressources nécessaires à la survie des futurs jeunes. Le site dispose donc d’au moins un site de nidification protégé, d’abris potentiels contre les prédateurs, et surtout des ressources alimentaires suffisantes pour le couple et ses jeunes. Voilà pourquoi ces petits passereaux ont tout intérêt à défendre ce territoire.
Bergeronnette pie - Fleuve Gambie.
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3 - D’abord le chant doit être audible jusqu’aux limites du territoire et même au-delà. Voilà pourquoi ils sont souvent puissants. Ensuite le message doit être clair, non ambigu et affirmé. Pour cela, le chant comporte des éléments répétés parfois pendant des heures. "
Certains oiseaux reprennent plus d’un millier de fois par jour inlassablement la même phrase" (Bossus et Charron 2003).
Le chant, élément de communication dans une espèce, doit être reconnaissable par les autres membres de l’espèce (mâles et femelles). Pour cette raison les mâles d’une espèce ont, du moins en apparence, un chant identique. Ce qui permettra de reconnaître un congénère de l’espèce. Pour que le système fonctionne, il faut enfin que les individus voisins puissent se reconnaître entre eux ! Ceci est possible car il existe d’infimes variations entre les chants de chaque individu. Variations que nous ne sommes pas capables de percevoir, ou alors avec beaucoup d’entraînement. Cette fonction est importante : "
Imaginez qu’à chaque fois qu’on rencontre le voisin près de la frontière du territoire on ne le reconnaisse pas ; cela entraînerait des bagarres permanentes très coûteuses en énergie qu’il vaudra mieux dépenser à rechercher de la nourriture. La reconnaissance individuelle permet de s’assurer que les voisins sont toujours bien là, et de distinguer un voisin d’un intrus". (Leroy, 1979)
Grue de Paradis - Afrique du Sud
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4 - Deuxièmement, la qualité du chant va renseigner les congénères sur les aptitudes du chanteur. S’il est fort, vigoureux, répété, le chanteur est en général en bonne forme physique, ce qui dissuadera les intrus potentiels. Par contre s’il n’a pas ces caractéristiques l’animal est probablement soit jeune, soit malade. Là, un intrus ou un voisin n’hésitera pas à tester la résistance de ce mâle et éventuellement à lui prendre le territoire en le chassant tout simplement.
Cochevis huppé - Saint Louis - Sénégal
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5 - Une troisième fonction du chant est liée à la rencontre des partenaires. En effet comme chez beaucoup d’espèces animales, c’est la femelle qui choisit son partenaire. Et justement chez nos oiseaux chanteurs la qualité du chant sera un des critères de choix de la femelle. Un autre critère pourra être par exemple le plumage ou la qualité du territoire. Un chant clair, puissant et répété est un critère de bon état physique, et donc potentiellement reflète un territoire de qualité et bien défendu. La quatrième fonction que l’on peut évoquer est liée à la physiologie de la reproduction. La femelle qui entend inlassablement son partenaire chanter va être stimulée d’un point de vue hormonal, et va avoir tendance à libérer plus d’ovules et plus tôt qu’une femelle moins stimulée. Cela doit donc entraîner une descendance plus nombreuse et plus précoce.
Bubul du Cap - De Hoop Nature Reserve - Afrique du Sud.
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6 - Dans tous les cas nous voyons que le chant est lié de près ou de loin à la survie des jeunes. En aucun cas (ou alors personne ne l’a encore prouvé) le chant n’exprime la gaieté de l’oiseau. Désolé, mais l’expression "gai comme un pinson" n’a aucun sens. (Laurent DABOUINEAU 2004)
Chez certaines espèces le chant est inné tandis que pour d'autres, comme le Pinson des arbres, le chant est appris à l'écoute des oiseaux de la même espèce (oisillon écoutant et imitant les vocalisations des adultes qui l'entourent en émettant d'abord un babil puis un chant rudimentaire et enfin le chant pur lors de la « période de cristallisation ») mais peut aussi inclure des vocalises d'autres espèces. Il en résulte que chaque population dispose de ses chants propres et que chaque individu a sa propre particularité vocale. Si les jeunes oiseaux peuvent chanter, ils n'ont pas la dextérité de leurs aînés (la plupart du temps mâle), l'aptitude à chanter s'affinera en vieillissant.
Mouette de Hartlaub, sterne huppée, sterne caugek - Wilderness - Afrique du Sud
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7 - L'organe vocal aviaire s'appelle la syrinx. C'est une structure cartilagineuse au fond de la trachée qui possède deux cavités ou pavillons. Cette structure, à laquelle s'ajoutent pour certaines espèces une poche d'air formant une caisse de résonance, vibre et produit des sons en faisant changer les volumes des membranes des cavités. Les oiseaux peuvent commander les vibrations de chacune des cavités indépendamment ce qui permet à certaines espèces de produire deux notes simultanément. La musculature du syrinx, est beaucoup plus développée chez les mâles que chez les femelles, et donc, chez la très grande majorité des espèces, c’est uniquement le mâle qui chante. Cependant, chez quelques autres, les femelles peuvent chanter et certaines sont capables de chant synchronisé avec le mâle. Certains sont de véritables musiciens, d’autres n’émettent qu’une série de sons simples mais caractéristiques de leur espèce. Le chant se réduit, en quantité et en qualité, chez les espèces à plumage voyant et chez celles qui vivent en société (Géroudet, 1980).
Bécasseau cocorli - Santa Lucia - Afrique du Sud
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8 - En général, les chants les plus mélodieux sont l'apanage des petits oiseaux, à savoir les passereaux et parmi eux, ceux dont le plumage est le plus terne comme le rossignol ou la fauvette de jardins. Quelques espèces sont connues pour continuer de chanter en pleine nuit aux côtés des vrais nocturnes : l’Alouette lulu, la Locustelle tachetée et bien sûr le Rossignol philomèle. Ce dernier chante aussi le jour mais son chant, si remarquable soit-il, est masqué par celui des autres espèces, alors qu’en pleine nuit, il paraît plus sonore. En outre, ces bons musiciens voyagent la nuit et sont particulièrement revendicatifs lorsqu’ils arrivent ou qu’ils s’arrêtent en cours de migration. Mais après cette phase d’installation et si la densité de chanteurs est faible dans le secteur choisi, le chant va s’estomper au point que bien des Rossignols peuvent passer inaperçus même au printemps.
Puisque nous abordons les particularités, restons-y !
Certaines espèces d'oiseaux sont capables d'imiter les autres oiseaux. Les étourneaux savent imiter des bribes de chants notamment ceux du loriot, ce qui peut dérouter certains observateurs. La rousserolle verderolle inclut dans son répertoire des chants de dizaines d'oiseaux dont certaines espèces qu'elle rencontre en Afrique durant son hivernage. Les plus remarquables de ces espèces étant les Mainates et certains Psittacidae qui peuvent même imiter l'être humain.
Rousserolle verderolle - Hautes Alpes
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9 - Parmi les vrais chanteurs nocturnes, il y a bien sûr les Chouettes et les hiboux, mais il ne faudrait pas oublier les engoulevents dont les émissions, des plus insolites, sont souvent entendues peu après la tombée de la nuit et parfois en plein jour, sans doute là où la densité de chanteurs est très forte.
Engoulevent de Reichenow - Ethiopie
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10 - Je finirai donc ce premier volet par une nuit africaine lorsque les grillons deviennent entêtants sous un magnifique ciel étoilé qu'aucune lumière parasite vient masquée avec toujours cette douce température...... bref une nuit africaine ordinaire comme on les aime.
Grand Duc de Verreaux - Kruger.
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