Bonjour à vous tous,

La pluie continue de tomber... C'est un peu difficile pour les nouvelles images.
Mais ce temps est propice à la réflexion.
Entre deux séances de préparation pour l'Islande, je vous propose donc quelques réflexions sur le regard que nous portons sur l'oiseau.
Quelques souvenirs lointains, en guise d'introduction.
J'ai du mal avec l'illustration car j'ai beaucoup plus de souvenirs que d'images sur mon disque dur.
Une petite sélection tout de même pour tenter de coller au texte.

Bonne lecture.

Amitiés,

Patrick

C’était le printemps, j’avais quatre ans.
Pour la première fois de ma vie, j’ai posé mes petites bottes au marais, serrant bien fort la main de mon père qui avait pensé, à juste titre, que le temps était venu.
Quelle découverte !
Je ne saurais vous dire quels oiseaux nous avons rencontrés. Un peu inquiet, plutôt indiscipliné, je n’étais pas assez attentif, je ne m’en souviens pas.
Mais j’ai rencontré l’oiseau ce jour-là et, de ceci, je suis sûr.
Je ne pouvais pas savoir encore quelle place il allait tenir dans ma vie. Mais je me rappelle que je suis rentré content et fier. Imaginez un peu ! Une promenade entre hommes avec son père quand on a quatre ans.
Après ces premiers regards, tant d’autres allaient suivre, je ne pouvais pas le deviner du haut de ma fierté d’enfant.
Bien d’autres promenades allaient faire de l’oiseau un ami, un objet de rêve, une raison de vivre.
Sur la plage à quelques dizaines de mètres de la maison familiale, les limicoles étaient nombreux en mai et les petites dunes étaient bien suffisantes pour dissimuler notre présence et les admirer de près.
Barges rousses, bécasseaux maubèches ou sanderling….
Un autre jour vint ce très rude hiver 1956. La glace avait tout recouvert. Même le tout petit fleuve, le Lay, qui traversait le village.
Les bécassines étaient dans les jardins, les cygnes chanteurs sur la plage.

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A l’automne suivant, dans les cultures, les cailles étaient là, elles qui avaient si gentiment égayé les soirées de mai en chantant « Paye tes dettes », message très harmonique qu’un enfant ne prend pas au sérieux car il n’a pas encore de dettes, forcément.
Le râle des genêts, avec sa voix de peigne, l’outarde canepetière, abondante encore.
Et puis les perdrix qui rappellent, à l’approche du soir et qui, sans le savoir, donnent un aussi bon goût à la soupe qu’il est presque temps d’aller boire.
Regards sur le bonheur.
On se réveille heureux pour toujours le lendemain matin, et on commence à comprendre que ces promenades, ces plumes et ces chants vous ont fait tomber amoureux des oiseaux.
Qu’en dira cette jolie amie d’école aux yeux bleus et aux beaux cheveux bruns ? Rien, sans doute, car elle n’a sûrement pas vu un regard …disons respectueux.
A l’école, on apprend à compter et à lire.
Très vite, j’ai abandonné les illustrés qui racontaient des histoires de cow-boys pour me plonger dans les livres de Paul Géroudet.
C’était un autre pas vers des milliers d’heures d’observation.
Assez pour les souvenirs car j’en ferais un livre si je n’y veillais pas.
Place aux regards.

Oui, Patrick, le début d'un livre, celui que tu écris, assurément, jour après jour et dont tu nous livres, sur chacun de tes fils, quelques instants choisis!
Je t'embrasse

Salut Patrick, je compatis pour la pluie.

On laisse difficilement la place aux regards tellement ton écriture est agréable.

PS : Sais tu que tu as une Harfang des neiges à côté de chez toi, enfin pas trop loin.

quelle belle histoire,... sans oublier tes belles photos

Patrick

Tu as de biens beaux souvenirs à partager, c'est une chance d'avoir grandi dans une région aussi riche et si proche de la nature. Le petit garçon est devenu un homme responsable mais est resté bien présent en toi, c'est une grande richesse

Effectivement comme le dit Luna ,tu as su garder ton regard d'enfant
Ah si à l'époque ,nous avions était conscient de l'énorme chance que nous avions de pouvoir côtoyer aussi facilement tant d'oiseaux .Nous pensions que ce serait éternel ,maintenant il nous faut des tonnes de patience pour pouvoir les observer avec des ruses de sioux!
Mais au moins ,nous avons passé notre vie à leurs côtés et comme toi ,je ne me souviens pas avoir passé une seule semaine sans m'immerger dans la nature et la solitude au milieu de la faune.
Impatient de lire la suite
Amitiés Dominique

mon soleil est revenu merci a toi mon ecrivain prefere

le début d'un grand et bon moment de lecture, assurément
tes textes sont toujours aussi beaux et agréables à lire, merci
et tes images

Bonjour Patrick, jolis souvenirs d'enfance, je pense que nous avons eu un peu les mêmes parcours...

Bonne continuation

Gygy

Moi j'étais pas né en 56, je n'ai décidé d'embêter mon monde qu'a partir de 72 et ce n'est que 10 plus tard que j'ai eu un coup de coeur pour la Nature, mais du coup en 82... y'avait déjà un peu moins d'opulence et aujourd'hui encore moins qu'hier.. Qu'auront donc nos petits enfants et les enfants de leurs enfants... Ha oui bien sur... les zoos. Mais je m'éloigne du propos...

Merci encore pour ce nouveau partage d'un récit toujours mis en image de fort belle manière, un fil qui m'enchante déjà

Manu

Bonjour Patrick,
Cet hiver 1956 devait être terrible pour les oiseaux ! Il a été dur par ici aussi et je m'en souviens mais je ne m'intéressais pas encore aux plumes. Heureusement d'ailleurs car ma région natale était un fief de tendeurs (ceux qui capturent les oiseaux), et j'aurais sans doute suivi leurs traces.
Je n'ai donc pas eu l'occasion d'observer une telle abondance et je le regrette.
Belles photos pour accompagner ton texte !

Bonsoir,

De très beaux souvenirs d'enfance et tellement bien racontés
j'ai toujours beaucoup de plaisir à lire tes textes et à contempler tes images.

vivement la suite ...

Bonsoir les amis,

Agréable mission que celle de remercier Joëlle, Robert, Béatrice, Luna, Dominique, moussetania, Patrick, Gygy, Manu, René et Pascal.
Remonter à ces souvenirs évoque bien sûr l'opulence et j'ai encore en tête une promenade, autour de mes 20 ans, en Baie de l'Aiguillon, en mai, avec celle qui allait devenir mon épouse.
Les limicoles étaient tellement nombreux que leurs chants masquaient nos voix rendant impossible toute conversation...
Mais je suis heureux d'avoir pu conserver mon âme d'enfant, bien que mes métiers successifs aient été placés sous le signe du cartésianisme.
Comme quoi on peut savoir dire "If...then goto" et continuer à rêver et porter sur la nature un regard émerveillé.
Une suite plus largement illustrée en puisant dans mon disque dur sans nouveautés mais tout de même quelques inédites.

Amitiés,

Patrick

Il est bien des façons de regarder l’oiseau.
Le connaître commence par l’identification. Elle est simple et rapide avec l’expérience, dans d’assez nombreux cas.
Mais elle reste complexe et difficile parfois. Le meilleur exemple qui me vienne à l’esprit est celui des laridés, famille aux nombreuses espèces et aux plumages évolutifs.
C’est le tout premier pas.
Ensuite, on commence à apprendre un peu les migrations.
Ce phénomène merveilleux est de nos jours assez bien connu, même s’il garde sa part de mystère.
Retour sur les souvenirs, avec ces hivers, dignes de leur nom, au cours desquels j’ai pu voir, les yeux et l’âme écarquillés, les cygnes chanteurs me survoler de près ou d’immenses vols de vanneaux au-dessus de la maison, en route vers le sud.
Certains vont les voir pour les compter. Démarche très utile.
D’autres ont leur liste de coches et espèrent y ajouter des espèces.
Mais, pour ma part, c’est essayer de faire leur connaissance qui m’a toujours importé.
Cette préférence est chronophage.
Connaître l’oiseau, c’est, bien sûr, découvrir ses mœurs, expression un peu floue.
On commence en général par apprendre à quoi il passe ses journées, puis sa vie au fil des saisons.
Ses particularités comme par exemple celles du phalarope qui inverse les règles et dont la femelle est plus colorée, plus libertine que le mâle.
Chemin faisant, on découvre plus précisément de quoi il se nourrit. Le lien entre la forme du bec, la hauteur des pattes, les milieux fréquentés et la nature des proies.
Comment fait-il son nid ? Combien d’œufs sont-ils pondus et pendant combien de temps sont-ils couvés.
Quelle est la durée de l’élevage des jeunes ? Comment se déroule-t-il ?
Enfin, on veut comprendre ou tenter de le faire.

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7 – Bergeronnette printanière flavéole immature


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On veut entrer dans son intimité. Les heures rejoignent d’autres heures qui forment, avec le temps, une belle addition.
Je garde le souvenir d’avoir, dans ma jeunesse, rampé dans les roseaux pour approcher des canards souchet en parade et admirer ce spectacle de près, sans qu’à aucun moment ils ne se doutent de ma présence.
C’est un regard particulier qui exige beaucoup de patience, une grande capacité à s’émouvoir, à rester attentif, et à supporter les déceptions car souvent l’oiseau choisit de rester loin ou de ne pas livrer ses secrets.
Cette découverte est celle qui, à mes yeux, est la plus heureuse. Car les jours bénis apportent un bonheur extrême à qui est amoureux de l’oiseau.
Il vous fait confiance. Il est proche et vous dévoile les secrets de sa vie.
Parfois même, c’est lui qui vous surprend et vient vous voir dans des circonstances assez inattendues.
Ces occasions sont rares et précieuses.
Elles nous font réfléchir sur la vie.
En chacune de ces occasions, j’ai coutume de dire, parfois à voix haute, « Merci l’oiseau ».
Mais toujours ceci entraîne une autre question : quel regard l’oiseau peut-il porter sur nous ?


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La vache ! Désolé...
C'est beau tout ça.

La Baie de l'Aiguillon est resté un endroit magique, Patrick, et je me rappelle moi aussi, les ballades que nous y avons faites, lorsque nous habitions La Rochelle, les limicoles voletant -oui, encore, en ces années 2000, mais certainement pas en si grand nombre- autour de nous! Mais aussi Ré et Oléron
De tes clichés, je retiens les 5, 7, 9, 11, 13, 14 et un coup de pour la 15! et de ton texte, ce mélange d'émotion et de connaissances qui nous enchantent tous....
Je t'embrasse